Depuis le 16 novembre, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal est retenu en Algérie pour ses écrits portant « atteinte à l’unité nationale ».
Le 16 novembre, Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, était arrêté à son débarquement à l’aéroport d’Alger. Une procédure pénale est ouverte contre lui pour « atteinte à l’unité nationale », au titre de l’article 87 bis du Code pénal algérien. C’est la législation de guerre contre l’insurrection islamiste des années quatre-vingt-dix que le pouvoir d’Alger instrumentalise contre un homme de plume. Étrange destin que celui d’un citoyen des deux rives pris en otage entre Paris et son ancienne colonie. Alors haut fonctionnaire dans son pays d’origine, il aurait pu rester confiné dans l’anonymat. Mais en 1999, piqué par le virus de l’écriture en prenant pied dans la cinquantaine, il publie son premier roman, Le Serment des barbares, comme toute son œuvre rédigé en français. L’ouvrage apparaît comme une critique caustique de la société et de l’autorité algériennes des années quatre-vingt-dix. En France, il plaît. Sansal est primé (prix du Premier Roman et prix Tropiques). En librairie, c’est un succès. Il voit alors se multiplier les invitations aux événements littéraires à travers l’Europe et, dans le même temps, continue d’écrire et de publier. Il moissonne à brassées les prix littéraires obtenant même celui du roman de l’Académie française en 2015.
Satire du système
La ligne conductrice de ses livres peut se résumer à quelques mots : satire du système algérien et attaque virulente de l’islamisme. Sansal a néanmoins le courage de rester en Algérie, dans son village de Boumerdès, à 50 km de la capitale. Ainsi, il s’expose mais donne aussi une plus grande authenticité à ses livres. Néanmoins, le pouvoir algérien finit par le sanctionner en 2003 en l’évinçant de son poste de directeur général au ministère de l’Industrie. Mais, conscients de la stature internationale dont il jouit, les autocrates d’Alger retiennent leurs coups. Sansal continue pourtant de les énerver. En 2008, il se rend au Salon du livre de Paris dont les Français avaient fait Israël l’invité d’honneur. Aux arabo-musulmans furieux de son choix, il réplique : « Je fais de la littérature, pas la guerre. » En 2012, il participe même au Festival international des Écrivains à Jérusalem. Puis, quelques mois plus tard, il lance « l’Appel de Strasbourg pour la paix », avec David Grossman. Grossman est un écrivain israélien, certes, mais critique…