Dans Challenge (24 juin 2021), le philosophe André Comte-Sponville salue le retour de la vie en plein air, sans s’illusionner sur ce fameux « monde d’après » qui a des relents de déjà vu, mais en pire.
Tous ces gens joyeusement attablés, aux terrasses de nos cafés ou de nos restaurants, cela fait plaisir à voir !
Pas seulement parce qu’on se dit que bistrotiers et restaurateurs vont pouvoir reconstituer une partie de leur trésorerie, mais aussi et surtout parce que tous ces consommateurs (parmi lesquels beaucoup de jeunes, enfin sans masque) redécouvrent les joies de la liberté, de la convivialité, de la gastronomie, qui font partie de ce qu’il y a de plus précieux dans notre mode de vie. Comme cela nous manquait ! Comme cela nous fait du bien ! Les terrasses, en quelques semaines, se sont multipliées comme jamais, donnant à nos villes des allures d’Italie, dont on ne va pas se plaindre. On peut désormais manger aussi à l’intérieur ? Tant mieux ! Mais il fait si beau dehors, on sent partout un tel besoin d’air, d’ouverture, d’espace – le contraire du confinement et de tout ce qui y ressemble – que les terrasses sont en train de devenir comme une image du bonheur et de la civilisation. (…)
Ceux qui annonçaient, il y a quinze mois, la fin du capitalisme ou de notre civilisation en sont pour leurs frais. Le monde d’après ? C’est le monde d’avant, avec un peu plus de dettes et de terrasses