Souvent intéressant, le FigaroVox propose un entretien mené par Eugènie Bastié avec l’écrivain Jonathan Siksou, auteur de Capitale aux Édition du Cerf. L’occasion d’évoquer le sort de Paris sous le mandat d’Anne Hidalgo…
Le mot dièse #SaccageParis dénonce la façon dont Anne Hidalgo gère la ville. Cette critique vous paraît-elle justifiée?
Ô combien! Et le mot est faible. Elle oppose et impose à la grandeur de Paris la médiocrité, la saleté, l’enlaidissement avec son nouveau mobilier urbain et ses «potelets» en plastique jaune, sans parler des transports (il est devenu aussi périlleux de se déplacer à pied qu’à vélo ou en voiture, et les véhicules de secours peinent à emprunter certaines rues). Il y a du mépris chez Anne Hidalgo, un mépris sincère pour notre capitale, pour les Parisiens et pour leur histoire. Sa politique piétine notre mémoire vivante, notre héritage.
Anne Hidalgo esquisse sous nos yeux sa ville du XXIe siècle: un bidonville hérissé de blocs de béton, sans bancs publics et plein de jardinets défraîchis aux pieds des arbres. Parallèlement, une internationalisation de l’architecture, doublée d’un discours sur l’urgence climatique, légitime le remplacement du tissu urbain minéral – ses façades de pierres, ses avenues et ses grandes places – en «éco-quartiers éco-responsables». C’est l’avènement de la «végétalisation» et du plaquage en bois qui donnent bonne conscience mais qui ne résolvent rien. Cette mutation se dote d’un vocabulaire où l’oxymore est roi. Ce «durable», accolé à tout et à l’architecture en particulier, ne veut rien dire d’autre que jetable et éphémère. N’en déplaise à la mairie, Paris n’est pas un vulgaire produit recyclable.