> Lettre Reconstruire n° 43 (janvier 2025) | Éditorial
L’année qui commence sera placée particulièrement sous le signe du Christ-Roi. En décembre prochain, en effet, l’Église célébrera le centenaire de la parution de l’encyclique Quas Primas du pape Pie XI. À vrai dire, nous n’avons pas trop d’un an pour nous préparer à cet anniversaire et pour approfondir la doctrine de la royauté du Christ.
Dans cette encyclique, dont le propos sonne étrangement à nos oreilles modernes, le Pape dénonçait la « peste » du laïcisme, de manière vigoureuse. Le « laïcisme », c’est-à-dire l’oubli et la négation, théorique et/ou pratique de la souveraineté de Dieu. Autrement dit, la mise à l’écart de Dieu au nom de la liberté et de l’autonomie de l’homme.
La réponse de l’Église
Pour répondre « à la peste qui a corrompu la société humaine », Pie XI prescrivait « à l’univers entier le culte du Christ-Roi ». Il instituait à cet effet la fête liturgique du Christ-Roi pour rappeler chaque année la doctrine sur la souveraineté de Dieu et réveiller la timidité des catholiques. Pie XI soulignait aussi que « les gouvernants et les magistrats ont l’obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d’obéir à ses lois ».
C’est peu dire qu’au regard de la situation actuelle, cette obligation apparaît comme un vœu pieux ou comme une rêverie romantique, celle d’un retour à la « chrétienté sacrale » que Jacques Maritain, déjà en 1936, voulait remplacer par une « nouvelle chrétienté » profane.
Sur un plan plus strictement pratique, cette nouvelle conception maritainienne débouchait sur la distinction qu’il proposait : agir en chrétien (et non en tant que chrétien) dans le domaine strictement politique, ce qui devait conduire ensuite à « la pastorale de l’enfouissement » où le chrétien se devait d’être seulement « le levain dans la pâte » en attendant que la foi prenne.
Une situation complexe
La situation dont nous héritons est, à plus d’un titre, difficile. Les espérances de Jacques Maritain ont échoué. Par ailleurs, la royauté du Christ n’est pas une option liée à une époque ou un temps. Elle découle de l’Évangile du Christ et elle est enseignée par l’Église. Ses répercussions sociales et politiques ne peuvent être mises de côté sous prétexte que le monde s’y oppose ou ne peut les entendre.
La société païenne des premiers siècles de l’Église ne reconnaissait pas plus la divinité et la royauté absolue du Christ. L’époque de Pie XI était déjà celle d’une négation pratique de celles-ci.
Ce qui revient aux chrétiens de ce XXIe siècle, c’est de trouver, en mettant en œuvre la vertu de prudence, le moyen de tenir vivante cette doctrine et les moyens pratiques de l’incarner. Il ne suffira pas, en effet, de recourir à la doctrine sociale de l’Église, comme un ensemble de principes ou de conseils pour le respect de la famille, le bon « management » des entreprises ou le respect des personnes.
De ce point de vue, certains « païens » font aussi bien que nous. Mais cet ensemble de principes, utile et important, ne peut être détaché de son fondement : le Christ, principe et fin de la vie humaine, individuelle, sociale et politique.
Bonne année du Christ-Roi !
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