Abbé Barthe : Comment s’est évanoui l’enseignement sur la royauté sociale du Christ 

Publié le 06 Fév 2025
royauté sociale du christ
> Enquête Quas Primas
Nous continuons notre enquête dans le cadre de l’année du Christ-Roi. L’enseignement sur la royauté sociale du Christ, qui consistait à armer les catholiques contre la laïcité, à rappeler que les gouvernants légitimes sont des représentants du Christ-Roi et qu’ils lui doivent un culte public, était trop antimoderne pour être pleinement reçu en son temps en France.

  Fabrice Bouthillon voit dans la doctrine du Christ-Roi une « machine de guerre contre les Modernes » (1). L’encyclique Quas Primas, de Pie XI, en 1925, est en effet dans la droite ligne de Quanta cura de Pie IX et plus spécialement d’Immortale Dei de Léon XIII, sur la constitution chrétienne des États. Cela suffirait-il à expliquer que son enseignement a été faiblement reçu en France, d’autant que Pie XI lui-même se montrait relativement transigeant avec les États libéraux dans l’espoir de sauver ce qui pouvait l’être de l’espace vital du catholicisme ?

Des oppositions latentes

L’encyclique de Pie XI se présentait comme ayant un objet liturgique, l’institution d’une fête du Christ-Roi le dernier dimanche d’octobre, qui « sera souverainement efficace pour incriminer et réparer en quelque manière cette apostasie publique, si désastreuse pour la société, qu’a engendrée le laïcisme » (2). Nombreux sont les commentateurs qui, sans dire clairement que cette institution était inutile, faisaient remarquer que les prérogatives royales du Christ étaient déjà exprimées dans la fête de l’Épiphanie, où il reçoit l’hommage des puissants de la terre, à Pâques, où il triomphe de la mort et du démon, à l’Ascension, où son humanité prend place à la droite du Père. Ainsi, Gaston Rotureau estimait que la fête nouvelle ne visait que la célébration de la royauté messianique du Christ, lequel avait « abandonné la possession et la direction des choses politiques à leurs possesseurs » (3). Il faut dire que le cantonnement de la doctrine de la royauté du Christ dans le domaine purement spirituel était favorisé par la conclusion de l’encyclique elle-même, qui disait que le Christ doit régner sur les intelligences et sur les cœurs. Ce fut le thème d’innombrables sermons : le règne du Christ s’établira – sous-entendu, ne s’établira que – par la croissance de la sainteté intérieure des âmes. Que l’encyclique ait eu une réception faible s’explique aussi par le fait que sa publication est intervenue au sein de ce que l’on nomme le « Second Ralliement », entre 1914…

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Abbé Claude Barthe

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