Carte blanche : Le cardinal Charles Journet

Publié le 22 Juin 2025
cardinal charles journet
> Carte blanche d’Yves Chiron

  Le cardinal Journet a déjà eu plusieurs biographes, notamment Lucien Méroz en 1981 et Guy Boissard en 2000. Philippe Chenaux, historien suisse, professeur émérite à l’Université pontificale du Latran, publie ce qu’il appelle une « biographie intellectuelle et politique » du théologien mort en 1975. Il a relié et complété des études particulières qu’il avait publiées ces dernières décennies, d’où l’aspect incomplet de cet ouvrage. Ainsi on ne saura rien de l’enfance, de la jeunesse et de la formation de Charles Journet, si ce n’est quelques dates données page 24. La rencontre avec Jacques Maritain en 1922 fut déterminante. Commença entre l’abbé et le philosophe une amitié intellectuelle et spirituelle qui dura toute leur vie et dont témoignent les six épais volumes de leur Correspondance, très bien édités entre 1996 et 2008 et qui sont une mine d’informations sur la vie intellectuelle du catholicisme au XXe siècle. Philippe Chenaux consacre plusieurs chapitres au « théologien engagé dans les combats de son temps », en faveur de la dignité de la personne humaine et du respect de la conscience face aux totalitarismes. En revanche, il n’évoque pas la genèse ni la spécificité de la grande œuvre théologique qui reste attachée au nom du cardinal Journet : L’Église du Verbe incarné, publiée en trois gros volumes entre 1941 et 1962. Mais un chapitre très intéressant, fondé sur des archives inédites, est consacré à la suspicion dont firent l’objet certains écrits de l’abbé Journet au début des années 1950. Il s’agit des deux brochures, La Définition solennelle de l’Assomption de la Vierge Marie et le Petit Catéchisme sur les origines du monde, et du deuxième tome de L’Église du Verbe incarné. Chacun de leur côté, la Secrétairerie d’État et le Saint-Office firent lire les ouvrages par des théologiens qualifiés. Les jugements portés ne furent pas tous favorables – il y eut notamment une longue critique du père Garrigou-Lagrange. Des faiblesses furent relevées, mais les brochures et le livre ne furent pas condamnés. Journet, devenu cardinal, ne participa qu’à la IVe session du concile Vatican II. Il essaya, mais trop tard, d’intervenir sur la déclaration relative aux Juifs ; mais il eut une influence déterminante (à la demande de Paul VI) en faveur de la déclaration sur la liberté religieuse. On peut regretter que Philippe Chenaux ne dise rien de la réaction du cardinal Journet face à la réforme liturgique et à la…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Yves Chiron

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseLectures

Carte blanche : L’« épouvantail » Rampolla

Jean-Marc Ticchi, spécialiste de l’histoire de l’Église au tournant des XIXᵉ et XXᵉ siècles, offre la première biographie historique du cardinal Rampolla (1843-1913), secrétaire d’État de Léon XIII pendant plus de quinze ans, et qui a eu, dès son vivant, une mauvaise réputation dans certains milieux.

+

cardinal Mariano Rampolla
SociétéLectures

Maurras, pour la Nation, contre le racisme

Entretien | En août, les éditions de Flore publiaient un petit livre d'Axel Tisserand, Maurras, pour la Nation, contre le racisme. À cette occasion, Philippe Maxence s’est entretenu avec l’auteur, agrégé de lettres classiques et docteur en philosophie, au sujet de Charles Maurras (1868-1952).

+

charles maurras racisme nation patrie
CultureLectures

Jeunesse : lectures d’automne

Recension jeunesse | La rédaction de L’Homme Nouveau vous propose une page recension de lectures jeunesse, avec un choix éclairé de quelques histoires à lire ou faire lire, et autres activités. À retrouver dans le n° 1839.

+

lecture livre
ChroniquesAnnée du Christ-Roi

Jean de Tauriers : Quas Primas et les catholiques du XXIe siècle

Enquête Quas Primas 9 | Nous continuons notre enquête à l’occasion du centenaire de Quas Primas. L’encyclique de Pie XI semble bien à la peine chez les catholiques de notre époque, y compris les autorités ecclésiastiques. Les papes récents ont cependant régulièrement abordé la question du règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ malgré tout largement évacuée de l’enseignement.

+

quas primas jean de tauriers