De 1940 à 1945, une partie des jeunes Français se retrouva au sein des mouvements de jeunesse des partis collaborationnistes ou dans les structures mises en place par le gouvernement de Vichy.
Tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ne manqueront pas de lire Jeunesse de France sous l’Occupation, 1940-1945. Malgré un titre peut-être un peu trop large, il s’agit d’abord d’une plongée par le texte et l’image dans les mouvements politiques et associations de jeunesse autorisés par le gouvernement de Vichy et/ou les autorités allemandes. La jeunesse est alors une priorité du gouvernement de Vichy, qui entend refaire une « France nouvelle » et qui investit beaucoup, en hommes et en argent, en direction de celle-ci. L’Occupant est également loin de se désintéresser de cette partie de la population qu’il souhaite contrôler pour l’avenir. Comme le note aussi l’auteur, la France ne s’est en outre pas remise « de la saignée démographique de 14-18 ». L’hiver démographique oblige donc la « génération de 1940 » à faire face à des responsabilités importantes.
Une somme d’informations
Spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, président de l’association « L’Hémicycle » qui s’adresse à des historiens et à des collectionneurs, Bernard Lamorlette a produit avec ce livre une véritable somme, bourrée d’informations et de reproductions de documents ainsi que de très nombreuses photographies. Il a choisi une présentation alphabétique des mouvements et associations en question. À l’intérieur de chaque notice (souvent de plusieurs pages), il a privilégié la chronologie. Au terme de cette présentation, il propose aussi une série de portraits de responsables de ces organisations de jeunesse. Précisons, enfin, qu’en raison de la richesse de la matière, l’auteur a dû opérer des choix. Il a donc exclu les Chantiers de la jeunesse française, organisation trop importante pour entrer dans le cadre de ce livre, ainsi que les associations de scoutisme, les mouvements existants avant la défaite ou les structures trop régionales. La première impression en plongeant dans cet ouvrage est de découvrir un univers totalement étranger à ce que nous sommes aujourd’hui. Étranger non seulement par les idéaux de cette jeunesse, mais aussi par le foisonnement d’insignes et d’uniformes, très typique de l’époque. Une question s’impose ensuite : que sont devenus tous ces jeunes après la guerre ? Comment ont-ils politiquement évolué et comment ont-ils « digéré » leur engagement de jeunesse ? Ce n’est évidemment pas le sujet du livre, mais cette question reste un vrai…