> DOSSIER : « Les conciles, des jalons pour comprendre l’histoire de l’Église » (n° 1837)
Depuis les premières communautés chrétiennes jusqu’à Vatican II, les conciles rythment l’histoire de l’Église. Loin d’être de simples réunions administratives, ils incarnent l’expression la plus solennelle de la collégialité épiscopale en communion avec le Pape.
Le mot concile (du latin concilium) désigne au départ toute réunion ou assemblée délibérante, et par extension le lieu même de cette réunion – au point que certaines premières églises furent parfois appelées conciles. Peu à peu, le mot a désigné plus spécifiquement des assemblées traitant d’affaires religieuses, réunies autour de l’évêque du lieu, jusqu’à devenir une institution centrale de la vie ecclésiale.
Du temps des apôtres
Dès l’époque apostolique, les Actes rapportent plusieurs de ces réunions : le choix du successeur de Judas (Ac 1), ou la fameuse assemblée de Jérusalem (Ac 15), qui établit les normes à imposer aux convertis issus du paganisme. Ces prémices ont donné lieu, dès le IIe siècle, à des conciles régionaux : contre le montanisme ou autour de la controverse pascale. Malgré les persécutions, ces assemblées se sont multipliées, notamment en Afrique du Nord au IIIe siècle. Après la paix de Constantin, les conciles deviennent une pratique courante, tant en Orient qu’en Occident. Le premier concile œcuménique, celui de Nicée (325), évoque même les conciles provinciaux comme des coutumes déjà anciennes. On distingue classiquement deux grandes catégories de conciles : les conciles particuliers – diocésains, provinciaux, nationaux ou continentaux – et les conciles œcuméniques, qui réunissent et engagent l’Église universelle. Le concile diocésain, souvent appelé synode, est convoqué par l’évêque pour traiter des affaires de son diocèse. Il réunit les responsables ecclésiastiques – curés, abbés, chanoines – sans leur partager le pouvoir décisionnaire : seul l’évêque légifère. Toutefois, certaines décisions ne peuvent être prises que dans ce cadre, leur assurant une plus grande légitimité et une portée qui dépasse le seul mandat de l’évêque en exercice. Le concile provincial rassemble les évêques d’une province ecclésiastique, sous la présidence de leur archevêque métropolitain. Il statue sur des questions communes aux diocèses concernés. Ses décrets sont soumis à l’approbation du Saint-Siège, qui peut les corriger ou les confirmer.
Le sommet de l’autorité ecclésiale
Mais c’est au concile œcuménique qu’appartient le sommet de l’autorité collégiale. Il s’agit d’une assemblée solennelle des évêques du monde, convoqués sous l’autorité du Pape, pour délibérer sur les…