Le samedi 27 septembre, le pape Léon XIV a prononcé un discours à l’occasion de l’audience jubilaire, intitulé « Espérer c’est pressentir ».
Lors de sa dernière audience générale le 27 septembre dernier, le Pape a rappelé que nous étions tous en cette année des pèlerins d’espérance, car nous pressentons tous un grand besoin de renouveau, non seulement pour nous, mais encore pour toute l’Église et le monde entier. C’est à tous et à chacun que s’adresse l’appel de Jésus énoncé au début de l’Évangile de saint Marc : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ».
Nous pressentons donc un besoin de renouveau, mais que veut dire pressentir ? Le dictionnaire donne cette définition : « Prévoir d’une façon vague ». C’est en réalité une intelligence du cœur que Jésus a surtout reconnue chez les humbles et les petits. Souvent, remarque le Pape, les personnes érudites ont peu d’intuition, parce qu’elles sont présomptueuses et croient savoir, ne laissant aucune place pour que Dieu puisse toucher leur cœur et leur parler comme un ami parle à son ami. Dans le logion johannique, Jésus s’était réjoui de cela.
Les petits
Cela me rappelle les forts propos qu’avait tenus Benoît XVI à la CIT en 2009 :
« Que sommes-nous, nous les théologiens ? Comment bien faire de la théologie ? Nous avons entendu que le Seigneur loue le Père, car il a caché le grand mystère du Fils, le mystère trinitaire, le mystère christologique, aux sages, aux savants — ceux-ci ne l’ont pas reconnu —, mais il l’a révélé aux petits, à ceux qui ne sont pas savants, qui n’ont pas une grande culture. C’est à eux qu’a été révélé ce grand mystère. »
Et plus loin le grand Pape ajoutait :
« à notre époque également, au cours des deux cents dernières années, nous observons la même chose. Il y a de grands sages, de grands spécialistes, de grands théologiens, des maîtres de la foi, qui nous ont enseigné de nombreuses choses. Ils ont pénétré dans les détails de l’Écriture Sainte, de l’histoire du Salut, mais ils n’ont pas pu voir le mystère lui-même, le véritable noyau : que Jésus était réellement le Fils de Dieu, que le Dieu trinitaire entre dans notre histoire, à un moment historique déterminé, dans un homme comme nous. L’essentiel est resté caché !
On pourrait facilement citer de grands noms de l’histoire de la théologie de ces deux cents ans, dont nous avons beaucoup appris, mais le mystère ne s’est pas ouvert aux yeux de leur cœur. »
Tirant donc la leçon de ces graves paroles de Jésus, le pape Léon XIV note que ce sont les petits qui ont toujours gardé le sens de la foi, ce sensus fidei révélé aux plus simples. Alors que Benoît XVI avait donné comme exemple sainte Joséphine Bakhita et sainte Bernadette, le pape Léon donne celui de saint Ambroise qui fut appelé à l’épiscopat avant même d’être baptisé, précisément par le petit peuple.
Saint Ambroise
Disons donc un petit mot sur saint Ambroise. Né à Trèves vers 339, où son père était préfet du prétoire, Ambroise était de culture romaine. Il fit à Rome des études juridiques qui devaient le conduire aux plus hautes charges. C’est ainsi qu’il se trouva consulaire à Milan. Là, il apprit à connaître l’arianisme pour qui le Christ n’était pas Dieu. Lorsqu’il fallut donner un successeur à l’évêque arien de Milan, Ambroise dut veiller à l’ordre public. Il parla si bien pour la paix qu’une pieuse voix lança sa candidature qui fut aussitôt acclamé, bien qu’il fût simple catéchumène.
Il avouait ensuite : « Enlevé aux tribunaux pour passer à l’épiscopat, j’ai dû commencer à vous enseigner ce que je n’avais pas appris. » Il sut être un chef énergique et tenir tête au pouvoir impérial. S’il conserva une certaine froideur, il était d’une bonté sans mesure. Tout au long de son épiscopat, il se fit l’humble catéchiste de son peuple, commentant sans cesse les Écritures, préparant durant le carême les candidats au baptême, lançant, pour lutter contre l’hérésie, le chant religieux populaire.
Cet homme a trouvé des formules lapidaires pour définir les relations de l’Église et de l’État ou exprimer l’autorité du Siège Apostolique : « Où est Pierre, là est l’Église. » Il a su dire son amour du Christ avec une sensibilité illuminée par l’Esprit-Saint.
Avec saint Ambroise et saint Léon et à plus forte raison avec Marie, souvenons-nous toujours que c’est par le pressentiment des petits que Dieu fait avancer son Église. L’Esprit Saint qui se révèle aux petits montre à l’Église les nouveaux chemins. Et le Pape termine par un souhait que l’on peut confier à Marie : « Que le Jubilé nous aide à devenir petits selon l’Évangile pour pressentir et servir les rêves de Dieu. »
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