Notre quinzaine : Il faut qu’il y ait schisme…

Publié le 30 Sep 2022

Dans un communiqué rendu public le 20 septembre dernier, les évêques de Belgique néerlandophone ont annoncé la mise en place d’une sorte de bénédiction pour les couples homosexuels, engagés dans une relation « stable et fidèle ». À vrai dire, cette « Prière pour la fidélité et pour l’amour » n’utilise pas le terme de « bénédiction ». Elle est d’ailleurs censée être formulée par l’assemblée sans que soit précisé le rôle exact du prêtre ou du diacre. Évidemment, personne n’est dupe. Si ce n’est pas une bénédiction, la prière en question y ressemble fort.

À ceux qui en douteraient, un responsable d’une fraternité œcuménique au service des personnes LGBT (sic) l’explique très clairement sur le site de La Croix : « On peut très bien se passer de ce mot à partir du moment où son essence est là. » Il va d’ailleurs plus loin en estimant que « ces évêques font très bien d’éviter ce mot de bénédiction, qui peut être piégé, volcanique dans le contexte actuel ». Dont acte !

Les ingrédients sont là

On pourra évidemment penser que nous assistons là à un épisode supplémentaire de la propagande qui se déploie fortement aujourd’hui pour respecter au sein de l’Église, non pas seulement les personnes, mais les unions homosexuelles elles-mêmes. En réalité, cette décision des évêques de Belgique néerlandophone forme l’arbre qui cache une forêt. Des bénédictions de couples homosexuels sont déjà pratiquées depuis plusieurs années par de nombreux prêtres à travers le monde, et notamment en France. Une fois de plus, un texte épiscopal ne fait que légitimer une pratique déjà existante. Toutefois, le militant interrogé par La Croix pointe d’une certaine manière la véritable conséquence d’une telle décision. Quand le journaliste lui demande s’il ne craint pas un rappel à l’ordre de Rome, « par peur du schisme », il répond tranquillement : « De toute manière, tous les ingrédients du schisme sont là… » Sur ce point, on sera bien d’accord avec lui. Mais encore faut-il que les autorités compétentes le disent également. Clairement et publiquement.

Sortir de la confusion

Nous pouvons certes tous aujourd’hui analyser les positions des uns et des autres et donner notre avis. Mais nous autres laïcs, nous ne sommes pas l’Église enseignante mais l’Église enseignée, même si au­jourd’hui, en raison de la tentation démocratique et antihiérarchique qui traverse l’Église, la confusion s’installe entre les deux. Dans sa première épître aux Corinthiens, saint Paul déclare, de manière étonnante : « il faut qu’il y ait même des hérésies ». Allons dans ce sens. Nous demandons donc aujourd’hui la première charité que les autorités légi­times, en l’occurrence le Pape et les évê­ques, sont seules à pouvoir et à devoir nous donner : la charité de la vérité. Et celle-ci passe par une sortie de la confu­sion. Et si cette sortie doit prendre la for­me de la reconnaissance officielle d’un schisme propageant des erreurs contraires à la foi catholique, il faut l’affirmer ouvertement. Non pas pour s’en réjouir ou se croire à l’abri dans une sorte de bonne conscience. Non, il faut que le schisme, aujourd’hui en quelque sorte latent, soit déclaré pour que nous, fidèles de l’Église catholique, nous sachions clairement où se situe la ligne de partage de l’erreur et de la vérité.

Nous autres de « la classe moyenne du Salut »

En septembre 2019, de retour d’un voyage en Afrique, le pape François a abordé ce thème du schisme. Dans un pontificat qui se veut ouvert au dialogue avec tous, il déclarait pourtant : « moi, je n’ai pas peur des schismes ». Soyons honnêtes : il visait un improbable schisme que l’on pourrait qualifier de « conservateur » ou de « traditionaliste ». François ajoutait également dans la même déclaration : « Je prie pour qu’il n’y en ait pas parce qu’il y va de la santé spirituelle de beaucoup de gens. »

Avec tout le respect que l’on doit à la fonction ponti­ficale et au Pape, il semble pourtant que la « santé spirituelle » du peuple chrétien, de ceux qui appartiennent à cette « classe moyenne du salut », selon l’expression de Joseph Malègue, goûtée justement par François, nécessite au contraire de sortir de la confusion, des zones d’ombre, du flou, entretenu ou non volontairement, du manque de clarté. Le Christ nous y invite clairement, en affirmant en saint Matthieu (5, 37) : « que votre parole soit : oui, oui ; non, non. Ce qui est en plus vient du Malin. » Ailleurs, le Christ déclare : « Il n’est pas bon de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens. » Nous avons plus que jamais besoin de ce pain de la vérité, même si comme la Samaritaine nous sommes prêts à nous contenter des miettes qui tombent.

Une intention à confier à Notre-Dame du?Rosaire, dans ce combat pour la vérité.

Philippe Maxence

Ce contenu pourrait vous intéresser

ÉditorialSpiritualité

Jerzy Popiełuszko, un prêtre pour la patrie

Édito du Père Danziec | Éveilleur de consciences, le père Jerzy Popiełuszko aura jeté à la face du communisme et l’intrépidité de sa jeunesse et son amour du Christ. Lors de ses funérailles, un immense panneau sera suspendu au-dessus de son cercueil portant l’inscription: « Bóg – Honor – Ojczyzna / Dieu – Honneur – Patrie ».

+

Popiełuszko
ÉditorialChrétiens dans le monde

Jerzy Popiełuszko (1/3) : Prêtre jusqu’à la croix

Dossier : « Martyre du père Popiełuszko : la force irrésistible de la vérité » | Jerzy Popieluzsko (1947-1984) est resté dans les mémoires à l’Ouest comme victime et martyr des dernières heures du communisme en Pologne. Simple prêtre, et malgré une santé fragile, il montra dès sa jeunesse et son service militaire un esprit de résistance aux persécutions du régime. Refusant de céder aux intimidations et poursuites, il persévéra dans la foi et le service de ses ouailles et compatriotes ce qui lui vaudra la haine finalement mortelle des communistes.

+

Popieluszko celebration Europeana 07 Popiełuszko
ÉditorialDoctrine socialeLettre Reconstruire

Le Christ-Roi : pierre angulaire de la doctrine sociale de l’Église

Lettre Reconstruire n° 41 | Éditorial | Le 11 décembre 1925, le pape Pie XI publiait Quas primas, une encyclique consacrée au Christ-Roi. Il y précisait la doctrine de l’Église à ce sujet et instituait une fête liturgique, fixée le dernier dimanche d’octobre. Importante liturgiquement, la royauté du Christ constitue aussi la pierre angulaire de l’enseignement social de l’Église.

+

Christ roi de l'univers christ-roi
Éditorial

Retrouver l’esprit chrétien 

Éditorial de Maitena Urbistondoy l Pie XII rappelle que l’Église, en tant que Corps mystique du Christ, est un repère stable, qui ne se laisse pas entraîner par les modes. Cette stabilité, ancrée dans la fidélité à sa mission divine, protège l’Église de l’inconstance des tendances passagères. Et c’est cet équilibre qui manque aujourd’hui : la fidélité aux vérités éternelles, qui ne se mesure ni au succès ni à l’acceptation du moment.

+

pie xii Edith stein église chrétiens
Éditorial

Notre quinzaine : La mort comme principe de vie

Éditorial du Père Danziec | Vivre vraiment, quel formidable privilège que de respirer à larges poumons, de parcourir l’existence à pleines enjambées et de croquer à ras bord le quotidien qui s’ouvre à nous sans relâche ! Vivre vraiment, non comme un épicurien mais comme un débiteur qui reçoit dans l’action de grâce le temps qui s’échappe et qui fuit. L’homme de foi sait qu’il tient la vie de son Créateur. Tout baptisé est appelé à voir dans chaque jour que Dieu fait une bénédiction.

+

vie
Éditorial

Notre quinzaine : Une révolution copernicienne ?

Éditorial de Philippe Maxence | L’épisode politique traversé par la France depuis le résultat des élections européennes a rappelé la place de l’extrême gauche dans notre pays. Malheureusement, celle-ci sert plus d’épouvantail qu’elle n’est exactement connue. Pourtant, l’extrême gauche ne cesse d’occuper le terrain, aussi bien celui de la rue que des médias, des amphis ou des sites Internet. Elle déploie également un travail doctrinal et d’adaptation aux réalités du moment, sans équivalent parmi ses adversaires. En consacrant un dossier à l’extrême gauche, nous avons pensé utile de savoir quelle réalité ce terme recouvre, sur quelles forces et quelles faiblesses elle s’adosse et quel travail doctrinal elle produit.

+

révolution ultra gauche

Vous souhaitez que L’Homme Nouveau poursuive sa mission ?