Constitutionnalisation de l’avortement : le mensonge de l’accommodement raisonnable

Publié le 06 Déc 2022
avortement

Entré dans les mœurs, facilité par tous les moyens, l’avortement légal serait « en danger »… Menace agitée au point que l’on assiste à la tentative de l’inscrire dans le marbre de la Constitution. De très rares voix s’y opposent à l’Assemblée et certains prétendent y voir un « moindre mal » au sens moral du terme.

 

Le 7 octobre dernier, alors que l’Assemblée nationale se penchait sur une nouvelle modification des lois dites « bioéthiques », Mathilde Panot, député LFI, présentait une proposition de loi visant à faire inscrire dans la Constitution de la Ve République, et ainsi consacrer « le caractère fondamental du droit à l’avortement ». Ce dernier, selon le député, serait, d’une part, mal protégé, et, d’autre part, mis en danger par les récentes « régressions » législatives intervenues dans divers pays – États-Unis, Hongrie, Pologne, etc. – tendant à en limiter drastiquement l’accès.

Discuté et amendé, le texte a finalement été voté à une large majorité (1) par la chambre basse du Parlement. Il prévoit ainsi d’introduire dans la Constitution un article 66-2 ainsi libellé : « La loi garantit l’effectivité et l’égal accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse. » Pour les parlementaires, il s’agit de consacrer à la fois le caractère fondamental de ce « droit », mais aussi un principe de non-régression, qui conduirait à l’inconstitutionnalité de toute future atteinte (2).

Quelques voix, modestes, se sont élevées contre l’idée que le « droit à l’avortement », – la possibilité d’éliminer un enfant à naître avec un minimum de contraintes juridiques ou pratiques, et ce, jusqu’au terme de la grossesse – existât, ou soit menacé en France. Parmi ces voix, quelques-unes ont soulevé le fait que tout avortement, selon le mot même de Simone Veil alors qu’elle proposait sa loi, était « toujours un drame, et cela restera[it] toujours un drame » (3), et que constitutionnaliser le « droit à l’avortement », d’une part ne répondait pas à l’objectif du législateur « initial », qui n’envisageait le recours à cet acte homicide que de manière exceptionnelle, et, d’autre part, que les diverses modifications de la loi de 1974 intervenues depuis – remboursement de l’acte, réduction ou suppression du délai de réflexion,…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Chanoine Merly +

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéBioéthique

Le don d’organes (3/3) : Le prélèvement d’organe : au risque de la vie ?

DOSSIER : « Le don d'organes : Jusqu'où peut-on aller ? » | Malgré l’apparence tout altruiste du don d’organe, l’Église y pose des conditions plus strictes que la loi civile. En effet, la mort, qui est la condition intangible dans tous les cas, n’est pas déterminée selon les mêmes critères par l’État et par l’Église qui ne se contente pas de l’absence d’activité cérébrale, une prudence nécessaire, au vu d’une affaire récente...

+

don d'organes mort
SociétéBioéthique

Le don d’organes (2/3) : Du don compassionnel au droit cannibale

DOSSIER : « Le don d'organes : Jusqu'où peut-on aller ? » | Conçu comme un acte d'altruisme et de générosité, le don d'organe est très encadré par la loi. Cependant l'évolution de la médecine et des mentalités multiplie les problématiques éthiques et la législation tend à considérer le corps comme une propriété, entièrement soumise de ce fait à la volonté humaine.

+

don d'organes
SociétéBioéthique

Le don d’organes (1/3) : Transplantation d’organes : les critères de la mort en question

DOSSIER : « Le don d'organes : Jusqu'où peut-on aller ? » | Favorable aux dons d’organes, l’Église pose des limites morales pour le respect du corps, de la personne humaine et de la santé du donneur vivant. Mais se pose surtout la question de la mort réelle du donneur, dont les critères ne sont pas nécessairement bien posés ni bien respectés, la frontière de la vie restant parfois très difficile à déterminer.

+

mort don d'organes
ÉgliseTribune libre

Réduire une fracture : appel à la restauration des ordres mineurs

Texte de Mgr Athanasius Schneider | La théorie selon laquelle les ordres mineurs (qui ne requièrent pas l'ordination sacramentelle) sont une forme particulière de l'exercice du sacerdoce commun, théorie avalisée par le pape Paul VI dans le motu proprio Ministeria Quaedam (1972), qui s’est répandue dans la vie et la pratique de l'Église et qui a été juridiquement ratifiée par le pape François dans Spiritus Domini (2021), est étranger à la Tradition bimillénaire de l'Église universelle, tant en Orient qu'en Occident.

+

ordres mineurs
Tribune libreÉducation

Élever des chiens plutôt que des mômes

Tribune libre de l'Abbé Michel-Jean Pillet | Toujours plus d’avortements, toujours plus de chiens et autres animaux de compagnie : que révèle ce constat ? Ou comment la disparition de la féminité et le monopole de la soi-disant Éducation nationale détournent les jeunes femmes de la maternité.

+

couple chien