Dans la nuit du 30 au 31 mars prochain aura lieu la 4ème Nuit de l’Histoire. Une invention de Eric Picard, agrégé d’histoire et chargé de cours à l’ICES, qui mettra cette année à l’honneur la figure de sainte Jeanne d’Arc. Entretien.
Vous organisez la 4ème Nuit de l’Histoire à l’Institut Catholique de Vendée (ICES) autour de la figure de sainte Jeanne d’Arc. Pourquoi ce choix ?
La première raison est conjoncturelle : nous avions à l’ICES en 2018 comme étudiante celle qui avait représenté Jeanne aux fêtes johanniques d’Orléans.
Ensuite, nos nuits de l’histoire à l’ICES mettent en valeur des personnages historiques qui ont joué un grand rôle. Jeanne d’Arc est de ceux-là. Elle est un modèle de jeunesse pour nos étudiants, surtout pour les jeunes filles. Que peut-elle dire aux jeunes d’aujourd’hui ? Comme modèle, comme héroïne et comme sainte ?
Je me suis rendu compte qu’elle était d’une grande actualité politique et religieuse : sur la distinction du spirituel et du temporel en particulier. Elle a souffert du politique et de l’Eglise. Elle symbolise à la fois le volontarisme politique et la liberté du chrétien, dans un contexte troublé, politiquement et religieusement.
Et puis bien-sûr, il y avait la neuvaine à Jeanne d’Arc lancée par Thibaud Collin !
Quelle est l’origine des Nuits de l’Histoire ?
Il s’agit d’un pari lancé il y a 25 ans avec mes élèves et étudiants : ils me mettaient au défi de faire cours de 12h de suite. Je leur ai retourné le défi et ai donc commencé à traiter, tout seul et de nuit un sujet historique important, demandé par les élèves, et cela grâce à la bienveillance de mes chefs d’établissement confrontés à ce projet un peu fou.
Quand je suis arrivé à l’ICES, on m’a demandé d’importer le concept sous une autre forme. Je devais organiser une nuit de l’histoire, en choisissant les intervenants en fonction de mes connaissances et lectures, des conseils reçus et de l’actualité.
Pourquoi la nuit ?
Au départ, j’avais commencé par proposer le samedi, de 8h à 20h, mais cela aurait été une lourde journée de cours, de plus. Donc pour vraiment s’amuser, et que ce soit un moment plaisant, nous avons décidé de le faire de nuit, du samedi au dimanche, dans les établissements. On passe toute la nuit avec les élèves et les étudiants, l’ambiance est extraordinaire.
On continue de relancer le défi pour leur montrer qu’ils sont capables de suivre 12h de contenu sur Jeanne d’Arc pour mieux la connaître. J’aime beaucoup voir les étudiants vers 4 ou 5h du matin, toujours debout et fiers d’eux. Cette fierté montre qu’ils ne connaissaient pas leurs limites.
Finalement, c’est un truc de prof : lancer des défis aux élèves et leur montrer que pour un sujet passionnant, on peut se donner à fond. A condition d’être volontaires. En effet les étudiants qui viennent à la nuit de l’histoire le font librement.
Pourriez-vous nous parler d’une des interventions qui vous paraît particulièrement intéressante ?
A titre personnel, le moment qui va m’intéresser est celui du débat qui va pouvoir s’instaurer entre Jacques Trémollet de Villers, qui voudrait que Jeanne d’Arc soit proclamée docteur de l’Eglise, et l’abbé Jacques Olivier, qui veut plutôt qu’elle soit reconnue comme martyre.
Mais il y aura également Catherine Guyon qui va montrer que Jeanne d’Arc est la plus belle image de la France dans le monde. Nous aurons Bénédicte Baranger, de l’association Orléans Jeanne d’Arc, qui nous expliquera comme on devient Jeanne, ainsi que Blandine Veillon (Jeanne d’Arc en 2019). Charlotte d’Ornellas nous enverra, nous l’espérons, une petite vidéo sur son expérience des fêtes johanniques.
Les étudiants participeront en lisant de nombreux textes sur Jeanne d’Arc (largement piochés dans le Hors-Série n°8 de L’Homme Nouveau) et en jouant de petites scènes de théâtre. Nous avons une trentaine d’étudiants qui travaillent sur le projet.
Je suis convaincu que notre Nuit de l’Histoire reposera en grande partie sur l’abbé Jacques Olivier, dont je redis l’extraordinaire qualité du livre Le prophétisme politique et ecclésial de Jeanne d’Arc. Il donnera quatre interventions, et partagera notamment sa découverte que les événements de la vie de Jeanne trouvent une réelle correspondance dans le temps liturgique de son époque.
Sinon, tout est intéressant : Jeanne et la paix, Jeanne et la guerre, la réflexion sur la guerre juste. Et nous aurons des intervenants très divers.
Comment participer à cet événement ?
Il suffit de s’inscrire sur le site de l’ICES (car il y a des collations régulières) et de venir le 30 mars à 20h. Nous ne transmettons pas les interventions en visio afin de garder le caractère intime et privé des nuits de l’histoire. La liberté de parole est ainsi totale : lors de la nuit de Soljenitsyne, nous avions un intervenant qui avait travaillé secrètement pour ce grand personnage. A trois heures du matin, l’ambiance lui a permis de se livrer sur cet épisode, ce qu’il n’aurait sûrement pas fait s’il avait été enregistré.
Inscriptions : Nuit de l’histoire jeanne d’arc (helloasso.com)
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