Carême des orientaux 3/5 : Églises d’Orient, la Chrétienté compliquée

Publié le 24 Mar 2023
Églises d’Orient : la Chrétienté compliquée

 Vue de l’Église latine, la chrétienté orientale paraît une mosaïque difficile à déchiffrer : patriarcats, Églises autocéphales, catholicossats, Églises rattachées à Rome, rites en de multiples langues, liturgies compliquées, cultures slave, grecque ou copte. Une question « byzantine » dans tous les sens du terme, décryptée par une spécialiste de l’Orient.   Dès le IVe siècle, l’Orient chrétien s’est divisé en identités rivales, conséquence d’importantes tribulations religieuses et politiques, le tout formant un écheveau difficile à dénouer. Il en est résulté le morcellement de sièges et titulatures patriarcaux tel qu’il se présente encore aujourd’hui, malgré les notables rapprochements qui s’opèrent à notre époque. D’abord, en 395, le partage de l’Empire romain entre Rome et Constantinople entraîna une disparité culturelle entre les deux « poumons » chrétiens, même si le latin resta langue officielle de toute l’Église jusqu’en 535, date à laquelle le grec fut adopté par l’Orient. Mais cet idiome, trop abstrait pour les Orientaux pratiquant les langues sémitiques (araméen, syriaque et arabe) ou autres (arménien et copte), ne facilitait pas leur compréhension des concepts théologiques définis en grec. L’une des causes principales de l’éclatement fut l’apparition d’hérésies christologiques, alimentées par la rivalité entre les deux principales Didascalées (écoles de théologie), Alexandrie et Antioche. La première surgit à Alexandrie où le prêtre Arius, influencé par Antioche, niait la divinité du Christ. Il s’opposait ainsi à son évêque saint Athanase qui prêchait l’unité substantielle dans la Trinité. Malgré sa condamnation par le concile de Nicée, l’hérétique bénéficia de l’appui explicite de prélats orientaux puis il fut réhabilité par l’empereur Constantin qui exila Athanase. Cette double mesure permit à l’arianisme de connaître une expansion prodigieuse, dans tout l’Orient arabe et même en Occident. Un siècle après, une nouvelle crise survint à l’initiative de Nestorius. Ce moine syrien formé à Antioche et devenu patriarche de Constantinople en 428, privilégiait l’humanité de Jésus au détriment de sa divinité, d’où son refus d’admettre que Marie est mère de Dieu, comme on l’enseignait à Alexandrie. Le nestorianisme fut condamné par le troisième concile œcuménique, tenu à Éphèse en 431, qui confirma l’union hypostatique entre les Personnes divines. Mais cette hérésie parvint en Mésopotamie et en Perse. L’Église locale, qui avait déjà rompu son lien de subordination avec Antioche en 410 par l’établissement de son siège à Séleucie-Ctésiphon, afin d’échapper aux persécutions de la dynastie païenne des Sassanides, ennemie de Byzance, en fit sa doctrine officielle. Dès lors, non…

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Annie Laurent

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