Mardi 28 mars, Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort a prononcé le discours d’ouverture de l’Assemblée plénière des évêques des France de printemps, se déroulant à Lourdes.
Les évêques se sont tout d’abord rassemblés au pied de la grotte de Massabielle pour les laudes. Ils se sont ensuite réunis, à huis-clos, pour écouter le président de la Conférence des évêques de France (CEF) énoncer les principaux axes des travaux de ces quatre prochains jours : lutte contre les abus et réforme des structures.
Le principal dossier reste encore celui de la gestion des abus au sein de l’Église. En novembre 2021, suite aux recommandations du rapport de la CIASE, les évêques avaient voté pour la création de neuf groupes de travail afin d’élaborer des résolutions concrètes en vue de la lutte contre les agressions sexuelles et la pédophilie. Les différentes thématiques ont été reparties au sein des neuf groupes censés représenter la diversité des états de vie dans l’Eglise, et qui sont constitués à 67% de laïcs.
Dans l’après-midi, Monseigneur Joly, membre du conseil permanent de la CEF, lors d’un échange avec la presse, a noté la participation des victimes qui ont pu apporter leur regard. Ces témoignages précieux permettent de saisir “la violence, le processus, le phénomène d’emprise mais aussi les conséquences dramatiques” que cela a pu avoir dans la vie de chacune.
Les neuf groupes de travail ont formulé soixante propositions, dont certaines avaient fuité dans la presse la semaine dernière. Hervé Balladur, nommé par la CEF en février 2022, a coordonné l’ensemble des concertations. Il avait évoqué dans la presse le “caractère systémique des abus” qui appelait à “élaborer des réponses systémiques”.
Cette analyse est fréquemment avancée ces dernières années, mais a été révoquée en novembre dernier auprès des évêques allemands par Monseigneur Luis Ladaria Ferrer, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi.
Monseigneur Joly a réagi aux propos du coordinateur des travaux, précisant “qu’il ne faut pas imaginer qu’il y ait quelque chose d’organisé en termes d’abus dans l’Église”, mais il a rajouté “que le travail sérieux et très impressionnant présidé par Jean-Marc Sauvé a laissé apparaître que dans nos fonctionnements, certains éléments ne protègent pas suffisamment, laissant des abuseurs ou pédo-criminels trouver des circonstances propices aux abus” et “c’est cela qu’on dénonce dans la dimension systémique”.
Selon Monseigneur Jordy, le terme systémique “ne signifie pas que l’Église est organisée de cette manière-là mais qu’il y a quand même des choses [qu’ils peuvent] ajuster, modifier ou transformer”.
À propos des propositions soumises aux évêques, Monseigneur Joly explique qu’il ne faut pas se polariser sur telle ou telle résolution, mais comprendre que l’état d’esprit général aspire plutôt à “changer la culture” de l’Église.
Le deuxième axe principal de cette Assemblée plénière sera le “chemin de transformation” consacré à la réforme des structures de la CEF. Les évêques devront acter en fin de semaine sur la nouvelle organisation. Les statuts seront ensuite votés mais le Saint-Siège devra également valider les décisions pour amorcer les changements.
En ce jour d’ouverture, les principaux sujets d’actualité ont également été abordés. Mgr de Moulins-Beaufort a exprimé son soutien envers la population ukrainienne sans oublier de mentionner également les arméniens. Les tensions sociales autour de la réforme des retraites ont été abordées, Monseigneur de Moulins-Beaufort a regretté “les violences commises par certains groupes qui érigent la violence en arme politique” mais aussi “les réactions pas toujours assez maîtrisées de ceux qui servent l’ordre public”.
Il a rappelé la ferme opposition de l’Église concernant l’euthanasie, dans le cadre du débat sur la fin de vie. Monseigneur Joly a de son côté cité la forte mobilisation des nombreux soignants, 800 000, qui se sont prononcés publiquement sur leur refus de donner la mort.
Les évêques ont commencé dès cet après-midi les échanges sur la restitution des conclusions des groupes de travail et voteront vendredi 31 mars au matin les propositions retenues.