La Russie sous protectorat ?

Publié le 29 Mar 2023

Xi Jinping s’est rendu en Russie, à Moscou, les 20 et 21 mars. Globalement, en Occident, on aura retenu trois choses. D’une part, le premier Chinois venait tout miel avec un message d’amitié. D’autre part, une série d’accords commerciaux a été signée, dont le principal concerne un nouveau gazoduc, « Force de Sibérie 2 », qui approvisionnera le nord-ouest de la Chine quand « Force de Sibérie 1 » dessert déjà le nord-est. Enfin, et c’est ce qui suffit à satisfaire les pays occidentaux, Xi Jinping n’enverra pas d’armes à la Russie pour la soutenir dans sa guerre en Ukraine.  Mais cette satisfaction de l’Occident est-elle le fruit d’une lecture appropriée des faits ? Certes, rien de spectaculaire n’a été révélé. Dans leurs relations, Russes et Chinois sont restés dans la continuité. Et si c’était cette continuité qui devait nous inquiéter ?  L’Occident, principalement les États-Unis, sont en politique internationale dans la réactivité. Les Chinois eux, servent un projet conçu il y a plusieurs décennies et qui ne peut aboutir que dans cinquante ans, voire dans un siècle. À leurs yeux, le conflit d’Ukraine est un événement circonstanciel qu’ils utilisent pour renforcer leur projet principal.   Mais quel est ce projet ? Si les États-Unis sont perçus comme le cœur du mondialisme, les Chinois se voient comme le centre d’un autre mondialisme, sorte d’empire en construction au rayonnement planétaire. Pour financer cela, ils ont besoin de produire et de vendre.   Pour produire, il faut des matières premières : bois, minerais et produits énergétiques. Or, après trois millénaires d’exploitation intensive de leur sol, les Chinois n’ont plus rien et, afin de couvrir leurs besoins, importent de l’autre bout du monde.   Cependant, pour vendre les produits fabriqués, il faut avoir accès aux marchés. La tension avec les États-Unis fait craindre aux Chinois un blocus maritime devant leurs côtes. Il leur resterait le marché européen, représentant à lui seul le quart de leurs exportations, mais aussi l’Asie, le Moyen-Orient et sans doute une partie de l’Afrique. D’où, pour approvisionner ces régions, la mise sur pied du concept des itinéraires terrestres des « nouvelles routes de la soie ».   Or les matières premières, elles, se trouvent à foison en Russie, en particulier en Sibérie, de l’autre côté de la frontière chinoise. Quant aux nouvelles routes de la soie, elles transitent forcément par les anciennes républiques musulmanes…

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Alain Chevalérias

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