Petite revue de presse sur un voyage

Publié le 18 Sep 2008
Au quotidien n° 247 : état de droit et refondation politique L'Homme Nouveau

Dans la vie d’un journaliste, le jeudi est un jour particulier. Sur son bureau s’entasse un nombre plus important que d’habitude de quotidiens, d’hebdomadaires et de revues. Les spécialistes de revue de presse trouvent là leur pâture. Les autres se tiennent informés, cherchant éventuellement de nouveaux sujets ou, pour les descendants de Zola, Rochefort et autres Daudet (Léon), matière à polémique.
Ce jeudi est un jeudi comme les autres. Pas tout à fait cependant ! On revient très largement dans la presse sur la visite du Pape Benoît XVI en France. Dans Valeurs Actuelles, François d’Orcival estime, par exemple, que « Sarkozy, Benoît XVI, même combat ». Il veut parler, bien sûr, de la laïcité, cette machine de guerre anti-chrétienne, enfant illégitime du catholicisme et que le Président actuel entend voir évoluer vers une « laïcité positive ».
Dans Le Point, c’est Claude Imbert qui y va de son éditorial, intitulé « Foi et raison ». Il voit, avec raison, Benoît XVI « en penseur de Dieu » et le dépeint « plus novateur que feu Jean-Paul II, icône charismatique ». L’amusant avec les modernes, c’est cette propension à mesurer le monde, les êtres et Dieu lui-même à l’aune de la nouveauté. C’est-à-dire de l’éphémère. Pour l’éditorialiste du Point, donc, « le Pape innove ». Toujours la nouveauté ! Dans quel registre ? « Par la considération éminente qu’il voue à la raison. Il écarte l’apologétique qui fait de la foi une illumination d’essence irrationnelle, étrangère et supérieure à la raison. »
Il faudrait que Claude Imbert n’hésite pas à lire saint Thomas d’Aquin, dont l’édition des œuvres se poursuit aux éditions du Cerf. Il pourrait aussi lire Chesterton, notamment Orthodoxie dont nous fêtons cette année le centenaire. Il y a cent ans les Claude Imbert anglais de l’époque tenaient le même discours. Ils étaient eux-mêmes en retard de plusieurs siècles et Chesterton s’est amusé à le dire et à le démontrer. Mais, à défaut de Chesterton et de saint Thomas d’Aquin, ou de Chesterton sur saint Thomas d’Aquin (voir son livre édité par DMM), et puisque Claude Imbert titre « Foi et raison », il pourrait tout simplement lire Jean-Paul II dont une encyclique porte justement ce titre. On la trouve sur Internet. C’est facile et lire ce texte permettra d’éviter de dire des bêtises.
Mais, avouons-le, au plan des bêtises, Claude Imbert est battu par Jean Delumeau, toujours dans les pages du Point. Notre « historien des religions » s’en prend aux « silences de Benoît XVI ». Bigre ! Le Pape, en effet, « n’a pas abordé les sujets qui fâchent : la contraception, l’admission des hommes mariés à la prêtrise, la réévalution du rôle des femmes dans l’église ».
Au fait, ces sujets fâchent qui ? Jean Delumeau ? C’est peu et n’a pas grande importance. Mais qu’il se rassure. Le Pape n’a pas abordé beaucoup d’autres sujets, et même des sujets qui ne fâchent pas. Il n’a pas parlé de la qualité des ouvrages de Jean Delumeau, ni de l’ouverture de la chasse, ni du temps qu’il faisait à Rome, ni des montagnes de Bavière, ni de ce que lui a dit le Président de la République pendant leur entretien privé. Il n’a pas parlé non plus de l’hiver qui s’annonce et de l’été qui est parti. Bref de beaucoup de choses.
Jean Delumeau, qui est Professeur honoraire au Collège de France, et qui sait donc beaucoup plus de choses que nous, est très inquiet du retour du latin et de la communion dans la bouche. Étrangement, il a un regard superstitieux sur ce sujet. Il semble craindre que le retour du latin et de la communion dans la bouche n’agisse comme des amulettes de sorcier et ne provoque des effets désastreux. Qu’il se rassure et au besoin qu’il visionne à nouveau les images des messes papales pendant ce voyage en France. Non, la foudre, la tempête et le choléra réunis ne se sont pas abattus sur notre pays. Et le catholicisme n’est pas tombé d’un coup dans le reflux qu’il semble craindre. Un conseil cependant, contre la superstition, la meilleure arme reste la prière.
Jean Daniel, dans Le Nouvel Observateur, nous ressort le poncif de la religion facteur de violence. Il regrette les silences (lui aussi) de Benoît XVI à ce sujet. Faut-il juste lui rappeler que la religion n’a jamais fait autant de morts que les totalitarismes communistes et nazis, deux phénomènes entièrement séculiers, sans même parler de la Révolution française ? Et, que plus prosaïquement, comme le souligne Jean Sévillia dans sa chronique de L’Homme Nouveau, les JMJ comme la visite du Pape en France ne suscitent aucun de ces mouvements de foule violents auxquels on assiste dans les stades, par exemple, ou dans les concerts de musique moderne. Bien, au contraire, des foules importantes se déplacent pour voir le Pape. Sans incidents, sans heurts, sans haine. Mais certains ne le voient pas. Au fait, n’y a-t-il pas une parole de l’Évangile à ce sujet ?
 

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