Les raccourcis de l’année liturgique nous emportent bien vite loin de la crèche et vers la croix, mais la piété mariale, en consacrant chaque samedi au souvenir de la Sainte Vierge, nous permet de demeurer un peu, avec Marie, contemporains des grâces de la Nativité qui chaque année s’envolent trop rapidement à notre goût. L’alléluia dont le jubilus (vocalise sur la syllbabe a) est représenté ici, célèbre le mystère de la virginité perpétuelle de Notre Dame, virginité que la naissance du Sauveur n’a pas amoindrie mais au contraire consacrée. « Après votre enfantement, ô Vierge, vous êtes demeurée inviolée. Mère de Dieu, intercédez pour nous. » La mélodie de cet alléluia, qui oscille entre le mode de ré et le mode de mi, s’harmonise à merveille avec les sentiments d’admiration, de respect, de recueillement, qui remplissent une âme d’enfant devant la beauté de sa mère. Tout est simple, tout est calme : les élans répétés et en progression intensive vers les deux la de la fin, traduisent avec sobriété l’émotion de l’âme contemplative en présence d’une grandeur si aimable qui la dépasse. Les retombées plus longues permettent l’intériorisation si caractéristique du chant grégorien. C’est le règne du legato (mélodie chantée de façon liée) de la douceur. Une grande tendresse se cache sous cette mélodie en apparence très peu expansive. Ce sont les variations d’intensité, les crescendos et les decrescendos, qui manifesteront avec discrétion et pudeur l’ardeur de l’amour filial des chrétiens pour leur Mère du Ciel.
Pour écouter cet Alleluia Post partum chanté par les moines de Fontgombault, ou celui-ci chanté par les moines de Solesmes.
Ce billet est extrait du dernier numéro de L’Homme Nouveau que vous pouvez commander à nos bureaux (10 rue Rosenwald, 75015 Paris. Tél. : 01 53 68 99 77, au prix de 4 euros), ou télécharger directement sur ce site en cliquant sur le lien ci-dessous.