Une grève de la faim pas comme les autres

Publié le 31 Mai 2013
Une grève de la faim pas comme les autres L'Homme Nouveau

Entretien avec Alain, père de famille de 58 ans et professeur d’université, qui a jeûné 19 jours pour la famille.

Propos recueillis par Adélaïde Pouchol

Vous achevez aujourd’hui 19 jours de grève de la faim contre la loi Taubira. Pourquoi cette démarche ?

Il ne s’agit pas d’une grève de la faim à proprement parler, mais plutôt d’un jeûne eucharistique. Ce n’est pas un acte mortifère, c’est au contraire une démarche de vie, spirituelle avant tout. Je communie tous les jours et veux ainsi témoigner de la place centrale du Christ dans ma vie, témoigner aussi de ce que la prière est une arme plus forte que l’on ne croit. J’ai participé aux différentes manifestations, signé d’innombrables pétitions mais voyais que nous n’étions pas écoutés. J’ai voulu poser un acte fort. Le choix n’a pas été facile, j’ai prié plusieurs mois avant de prendre cette décision. J’ai été accompagné par un prêtre dans ma démarche et, finalement, j’ai commencé mon jeûne le 13 mai dernier, jour de Notre Dame de Fatima. Un jeûne qui n’est pas focalisé sur la seule loi Taubira mais sur l’ensemble des lois mortifères et des atteintes à la famille qui sévissent aujourd’hui.

Ce jeûne n’est donc pas un acte désespéré !

Non, au contraire. C’est un acte qui est inspiré des quarante jours du Christ au désert et de la vie de Marthe Robin, même si je n’ai pas la prétention d’être le miracle vivant qu’elle a été ! J’ai perdu la foi dans ma jeunesse mais lorsque, en 1994, j’ai perdu l’une de mes filles dans des circonstances très douloureuses, la quiétude agnostique dans laquelle je me complaisais a été brisée par le choc. Je suis parti en pèlerinage à Medjugorje, à l’époque où la guerre sévissait en Bosnie. Je n’y ai pas eu d’illumination mais la réponse toute simple d’un prêtre français qui m’a expliqué que ma fille était une petite sainte qui intercédait désormais pour moi auprès du Père. Aujourd’hui, je sais qu’elle intercède pour moi et qu’elle m’accompagnait pendant mon jeûne.

Qu’ont dit les gens que vous avez rencontrés de ce jeûne ?

J’ai été très bien accueilli, par les membres de La Manif pour tous et les Veilleurs notamment. Je ne me suis pas caché de la dimension spirituelle de mon acte et j’ai été heureux de voir que l’exemple de Marthe Robin parlait à tous. Certains grands médias aussi ont su rapporter ma démarche avec honnêteté. J’ai témoigné auprès des Veilleurs dans la nuit du 26 au 27 mai, après la manifestation nationale et j’y ai reçu un accueil très favorable.

Espérez-vous que d’autres suivront votre exemple ?

Si je suis le seul à jeûner, ce n’est pas grave. Mais j’espère avoir amorcé quelque chose. J’ai encouragé les Veilleurs à jeûner car c’est un acte fort pour ceux qui souhaitent aller jusqu’au bout, qui souhaitent une certaine radicalité. Je les ai enjoins aussi à faire le serment, en leur for intérieur, de ne plus jamais laisser passer de loi mortifère, de ne jamais plus laisser l’État s’attaquer à la famille. Nous n’avons plus le droit de nous complaire dans la tiédeur ! Pour autant, ce jeûne doit être décidé en connaissance de cause, sous deux réserves expresses : un accompagnement médical et spirituel. Les deux sont fondamentaux. Pour ma part, j’étais porté dans la prière par une communauté religieuse et suivi par un médecin.

Et pour l’avenir ?

Le monde nous regarde, nous sommes en train de construire la France qui vient. Nous avons tous conscience de vivre des jours extraordinaires, à la veille de quelque chose de nouveau que nous ne saisissons pas encore, un peu comme pendant les jours qui ont précédé la chute du mur de Berlin où personne, pourtant, ne se doutait de ce qui allait arriver.  À nous, maintenant, de poser les fondations de ce renouveau, ce qui passe notamment par une solide formation. À ma génération aussi de transmettre le flambeau aux plus jeunes !

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