Il y a tout juste dix ans, Charles de Meyer a cofondé en 2013 – à l’âge de 20 ans –, avec Benjamin Blanchard, l’association « SOS Chrétiens d’Orient », dont il est aujourd’hui le président. On sait que les volontaires de l’association, en majorité de jeunes catholiques français, se dévouent inlassablement auprès des chrétientés orientales, du Liban à l’Arménie, de Syrie et d’Irak jusqu’en Éthiopie, et même jusqu’au Pakistan. Ce petit ouvrage rassemble, sous forme de courts chapitres servis par une plume alerte, les chroniques de l’auteur parues dans Politique Magazine.
Tueries et destructions
Les épreuves n’ont pas manqué pour les chrétiens d’Orient durant cette décennie. Elle s’ouvre avec la création de l’État islamique en Irak et au Levant (Daech), cette même année 2013, à la faveur du chaos politique suscité par les « printemps arabes », largement orchestrés – on le sait maintenant – par la puissance américaine, et se poursuit avec la chute du nord de l’Irak et de la plaine de Ninive, principal foyer chrétien de l’ancienne Mésopotamie, sous le contrôle provisoire de la terreur islamiste, avec son cortège de tueries et de destructions. Elle voit ensuite se dérouler la contre-offensive victorieuse des forces gouvernementales en Syrie, ainsi qu’en Irak. Le calme relatif dont jouit désormais la Syrie est cependant terni aujourd’hui encore – nouvelle épreuve – par le maintien en vigueur, pour une durée qui semble indéfinie, des sanctions économiques occidentales qui frappent de façon indiscriminée et aveugle le peuple syrien exsangue. On pourrait encore évoquer, sans même prétendre à l’exhaustivité, le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dont les flambées récurrentes (qui font suite au conflit très meurtrier de l’automne 2020) ont provoqué l’exode d’innombrables chrétiens du Haut-Karabagh (voir notre dossier Arménie), ou encore les nombreux attentats sanglants revendiqués par l’État islamique, qui ont frappé ces dernières années les coptes et leurs églises en Égypte. Charles de Meyer, s’appuyant sur une expérience de terrain considérable, évoque tour à tour la situation concrète sur les lieux d’action de « SOS Chrétiens d’Orient », la vie quotidienne de ses volontaires, les traits si attachants (même si parfois déconcertants) des différentes Églises d’Orient – unies à Rome comme séparées –, de leur clergé et de leurs fidèles, et le contexte géopolitique des vicissitudes que subissent ces Églises dans l’« Orient compliqué ». Sur ce dernier aspect, on pourrait discuter de la pertinence de telle ou…