Le Christ-Roi mis hors-la-loi

Publié le 24 Nov 2013
Le Christ-Roi mis hors-la-loi L'Homme Nouveau

En cette fin d’année liturgique, c’est dans le calendrier de la forme ordinaire la fête du Christ-Roi, laquelle trouve une résonnance bien actuelle selon l’auteur de cette Tribune libre, l’abbé Michel-Jean Pillet, curé de paroisse.

Juif et franc-maçon, Vincent Peillon a visiblement mieux étudié la Révolution française que la Thora… d’où son livre-credo publié en 2008 : La Révolution n’est pas terminée. La Révolution qui, tel le phénix, renaît toujours de ses cendres. Et il semble bien qu’elle ait trouvé aujourd’hui son chantre le plus appliqué. A le lire et à l’entendre, le ministre de l’Education nationale manifeste une allergie viscérale à l’égard de la religion, et particulièrement du catholicisme. Comme on peut le voir dans une interview du 13 juin 2013 visible sur Youtube (à voir et à entendre à la fin de cet article, ndlr). Lisons plutôt :

« On ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique. Mais comme on ne peut pas non plus acclimater le protestantisme en France, comme on l’a fait dans d’autres démocraties, il faut inventer une religion républicaine. Cette religion républicaine, qui doit  accompagner la révolution matérielle mais qui est la révolution spirituelle, c’est la laïcité. Et c’est pour ça d’ailleurs qu’on a pu parler, au début du 20ème siècle, de foi laïque, de religion laïque, et que la laïcité voulait être la création d’un esprit public, d’une morale laïque et donc l’adhésion à un certain nombre de valeurs. »

La distinction du temporel et du spirituel

La laïcité (la « laïcité positive », comme dirait M. Sarkozy), c’est la saine distinction entre le politique et le religieux, entre l’Etat et l’Eglise, la juste distinction et autonomie des pouvoirs qui est déjà inscrite dans l’Evangile (« rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » Mt 22,21). Et M. Peillon devrait savoir gré au Christianisme d’avoir insufflé à la République, après des siècles de tâtonnements tour à tour fusionnels ou conflictuels, cette saine distinction, sans confusion ni séparation, dont l’islam, par exemple, mais aussi le communisme, n’ont pas la moindre idée.  

L’idéologie laïciste

Le laïcisme, au contraire, c’est une idéologie selon laquelle la religion, qui est de toute façon régressive voire répressive, doit se cantonner au domaine privé, pour laisser place à un Etat de plus en plus omniprésent et omnipotent. « Laïc » devient alors synonyme de « athée » et « antireligieux ». Et l’Etat laïc se croit chargé de former et de formater les consciences, car il ne craint rien davantage que la conscience individuelle capable de s’opposer à son contrôle tout-puissant. Les démocraties populaires au 20ème siècle (qui n’étaient ni démocratiques ni populaires, mais qui se disaient aussi socialistes) nous ont donné, sur fond de goulags et de police politique, une illustration tragique de ce rouleau compresseur de l’Etat laïc qui se présente avec le magistère et la mystique d’une nouvelle religion.

L’encyclique Quas Primas

C’est ce laïcisme combattif, intolérant et sectaire, que l’Eglise a déjà stigmatisé et dénoncé, notamment en 1925 par la voix de Pie XI, dans son encyclique Quas primas, par laquelle il instituait la fête du Christ Roi : le laïcisme étant une négation radicale de cette royauté.

« Ma royauté n’est pas de ce monde », déclare Jésus au moment de son procès (Jn 18,36), car cette royauté est essentiellement spirituelle. « Toutefois, écrit Pie XI, ce serait une grave erreur de dénier au Christ-Homme sa puissance sur les choses civiles quelles qu’elles soient ». Et « lorsque les hommes reconnaissent, dans la vie privée comme dans la vie publique, le pouvoir royal du Christ, il en résulte des bienfaits étonnants qui pénètrent aussitôt la société civile, comme la liberté, la justice, la concorde et la paix ».

Vous avez dit « valeurs » ?

Vous avez dit « valeurs » ? Après les sifflets et les huées qui se sont fait entendre le 11 novembre dernier, on a vu les rangs de la majorité se resserrer et en appeler au respect des « valeurs » et des « fondements » de la République. C’est cocasse, quand on voit la même République fouler aux pieds des fondamentaux tels que l’institution du mariage, la filiation, le droit à la vie, ou la liberté de conscience. « Quand sont ruinées les fondations, que peut faire le juste ? » (Ps 11,3), déplorait déjà le psalmiste. Et quand l’exemple ne vient plus d’en-haut.

La vie religieuse ne se limite pas à la sacristie

Non, la vie religieuse ne se cantonne pas dans les sacristies : elle doit aussi rayonner dans toutes les sphères de la vie sociale. (Il ne faudrait pas que les musulmans décomplexés soient les seuls à nous le rappeler). Qui ne voit l’actualité de ce message, alors que la royauté sociale du Christ est toujours en procès et que semblent « régner » de plus en plus dans notre société le refus des commandements de Dieu (cf. Lc 19,14 : « Nous ne voulons pas qu’il règne sur nous ! ») et la négation des racines chrétiennes de notre civilisation. 2000 ans de Christianisme, que le pape Pie XII résumait en une seule phrase :

« Si le Christ ne règne pas par les bienfaits de sa présence,  Il règne encore par les méfaits qu’entraîne son absence ! ».

//www.youtube.com/embed/V2J_6vRFsUI?rel=0

Pour aller plus loin sur le Christ-Roi, on pourra lire aussi le récit de la résistance des Cristeros au Mexique racontée par Hugues de Blignières (ndlr). 

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneTribune libreAnnée du Christ-Roi

Abbé Lorans : Quas Primas, une impertinence salutaire

Enquête Quas Primas 11 | Peu de textes semblent plus anachroniques que l'encyclique de Pie XI sur la royauté sociale du Christ. Affirmer à temps et à contretemps que le laïcisme est une utopie et que le but est de rétablir des institutions favorisant les vertus et de revenir à la chrétienté, choque dans une société adonnée à la jouissance et au culte du moi, estime l'abbé Lorans.

+

quas primas
Tribune libre

Saint Augustin et la crise du monde actuel

Tribune libre de Roberto de Mattei | Auscultant l’actualité internationale à la lumière des enseignements de saint Augustin, le professeur Roberto de Mattei souligne que « l'intervention de Dieu est possible à tout moment et un seul acte de fidélité ou de trahison de la part d'un homme suffit à changer le cours des événements. »

+

saint augustin crise époque
Tribune libreDoctrine sociale

Force morale, esprit de défense et catholicisme

Tribune libre de Louis-Joseph Maynié | Il en va des concepts comme des êtres aimés. On ne les cite jamais autant que lorsqu’ils ont disparu, en invoquant leurs gloires passées. Brisant la douce torpeur des dividendes de la paix, la guerre en Ukraine a ressuscité dans la parole publique la notion de Force morale, qui avait connu un emploi sommital durant la Grande Guerre.

+

morale
Tribune libreChrétiens dans le monde

Il y a deux ans, la fin de l’Artsakh

Tribune libre de Benjamin Blanchard | Il y a deux ans, l’Artsakh – le Haut-Karabagh – tombait aux mains de l’Azerbaïdjan, forçant la totalité de sa population à fuir dans le dénuement le plus total. Depuis, le sort de l’Artsakh n’intéresse plus personne. L’association SOS Chrétiens d’Orient intervient en Arménie depuis 2018. En 2020, puis en 2023, elle a participé à l’accueil des déplacés d’Artsakh.

+

artsakh
Tribune libre

À propos de Marthe Robin

Tribune libre du Père de Blignières | Marthe Robin a été reconnue vénérable par le pape François en 2014 et le processus vers sa béatification est toujours en cours. Cependant, plusieurs ouvrages, émanant de spécialistes de la mystique, ont mis sérieusement en question les aspects mystiques liés à Marthe Robin. Alerté il y a cinquante ans par des aspects discutables mais reconnaissant le bien qui s’est fait dans les Foyers de charité, le père de Blignières revient ici sur ce cas à l’occasion des rebondissements récents.

+

Marthe robin
Tribune libreAnnée du Christ-RoiThéologie

De la loi naturelle au Christ-Roi

Tribune libre | Loin des idéologies modernes qui exaltent un individualisme sans racines et une liberté détachée de toute vérité, la loi naturelle inscrit dans le cœur de l’homme une orientation vers le bien, le vrai et l’unité. Fondée sur la recherche de Dieu, la justice et l’amour, elle constitue le fondement même de l’ordre moral et social, orienté vers le bien commun et couronné dans le Christ-Roi.

+

loi naturelle