Pour le pape-roi

Publié le 14 Oct 2023
zouaves pape-roi Arthur hérisson 1870

Une partie du livre raconte la mobilisation des zouaves pontificaux (ici en 1870).

La fin des États pontificaux en 1870 a-t-elle entraîné des répercussions dans le catholicisme français ? Cette question est abordée dans l’ouvrage d’Arthur Hérisson, Pour le pape-roi, les catholiques français et l’unification italienne (1856-1871), publié par l’École française de Rome. L’un des grands mérites de cette étude consiste à opérer, à propos de l’unification italienne, un déplacement de focale. Jusqu’ici, cette période a été principalement investie à travers les rapports Église-États, avec tout le cortège des archives diplomatiques, des études sur la mobilisation de la nonciature et des prises de position des notables, religieux et laïcs. En renouvelant le sujet, l’auteur s’intéresse plus largement à la mobilisation des « catholiques d’en bas », fidèles bien sûr, mais aussi bas et moyen clergés. La presse, comme vecteur d’accélération d’une prise de conscience romaine, est également étudiée ainsi que les grandes collectes visant à soutenir Rome. Tout une partie est aussi consacrée à la mobilisation armée des zouaves pontificaux et de la Légion d’Antibes. L’ouvrage est évidemment trop riche pour être résumé en quelques lignes. L’auteur tire en fin d’étude plusieurs conclusions. Sur la capacité de mobilisation de l’Église, sur l’organisation décentralisée de celle-ci, sur le fait que le Saint-Siège s’appuya sur l’opinion publique dans les relations internationales, ou encore sur le paradoxe que le mouvement intransigeant en repensant les moyens d’action, notamment par le biais de la presse (avec l’exemple typique de L’Univers de Veuillot), marqua « une étape importante dans la démocratisation de l’action catholique » tout en accélérant l’abandon du lien aux princes temporels. On peut même dire que cette « mobilisation en faveur du pape-roi » conduisit sur le long terme à un désintéressement catholique pour les questions politiques, à une insertion au sein du système en place et, plus largement, au ralliement au consensus moderne. Sans aborder directement ces questions, l’auteur en fait ici en quelque sorte la préhistoire.    Pour le Pape roi Arthur Hérisson, Pour le pape-roi, École française de Rome, 612 p., 37 e.     >> à lire également : Un Pape politique ?    

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

La rédaction de Reconstruire

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneCultureLectures

Brasillach, poète catholique ?

Alain Lanavère, ancien élève de Normale, docteur ès lettres et agrégé de lettres classiques, professeur de lettres émérite à la Sorbonne, enseigne toujours avec passion. À l’occasion de la parution des Poèmes de Robert Brasillach – édition très complète comportant des inédits – il évoque le cheminement spirituel de l’auteur des Poèmes de Fresnes. Entretien.

+

Brasillach poèmes de fresnes
CultureDoctrine sociale

Le règne de l’argent

Carte blanche de Judith Cabaud | Idéaliste et utopique, Péguy, écrivain et poète, élevé dans l’anticléricalisme socialiste de son temps, crut à la valeur de la famille, au travail bien fait et à la patrie pour laquelle il donna sa vie. Il définit ainsi le monde moderne de son époque : « Choisir le plaisir et l’argent, c’est se refuser au travail. C’est le règne de l’argent. »

+

argent péguy
CultureLectures

Tactiques du diable et stratégie des anges

Recensions | La Rédaction de L'Homme Nouveau vous propose une page culture, avec un choix de quelques livres religieux, essais, CD ou DVD. Notamment Stratégie des anges, de Don Pierre Doat. Des idées de lecture à retrouver dans le n° 1837.

+

stratégie des anges livre