Le Stabat Mater est un des titres de musique sacrée les plus célèbres. Le texte, inspiré de l’évangile de saint Jean (19, 25), a été composé par le poète franciscain Jacopone da Todi (mort en 1306). De nombreux musiciens de grand renom comme Pergolèse (mort en 1736), Scarlatti (mort en 1757) ou Vivaldi (mort en 1741), ont déployé leur talent musical sur ces vingt strophes de trois vers finement ciselées : les deux premiers vers de chaque strophe riment entre eux, et le troisième de la strophe paire rime avec celui de la strophe impaire.
Une mélodie récente
La mélodie grégorienne, insérée dans le Graduale Romanum, est récente puisqu’elle est l’œuvre de dom Fonteinne, moine de Solesmes et tout premier compagnon de dom Guéranger. Les commentateurs liturgiques sont unanimes à lui reconnaître une réelle valeur artistique et spirituelle. Le compositeur a fidèlement respecté la structure binaire du poème en dotant d’une même mélodie les strophes liées deux à deux par une même rime. De modalité mineure, empruntée au 2e mode, cette prière ressemble à une longue complainte (la tierce descendante fa-mi-ré, par exemple, caractéristique de ce 2e mode [*], est entendue jusqu’à quarante-huit fois !). Pourtant, la pièce échappe à toute impression de monotonie grâce à la variation délicate des dix groupes mélodiques autour du thème, lancinant mais paisible, de la souffrance de la Mère. Cette séquence, chef-d’œuvre de la prière chrétienne et mariale, nous fait communier intimement, grâce aux nuances fines et profondes de l’art grégorien, aux sentiments féconds qui habitaient l’âme de la Vierge, au moment de la mort de son Fils Rédempteur.