L’Inde complice silencieuse des persécutions religieuses

Publié le 14 Nov 2023
inde persécutions chrétiens

Église Sainte-Marie de Chamakulam (Inde). © BluesyPete

Des centaines d’églises détruites, des milliers de chrétiens tués et un silence assourdissant. La situation des persécutions en Inde peut nous rappeler celles qu’ont vécu les premiers chrétiens sous l’Empire romain.

 

Représentant 2,3 % de la population indienne soit 29 millions de personnes, les chrétiens sont répartis essentiellement dans le sud-ouest et le nord-est du territoire. L’église syro-malabar s’est implantée en Inde avec l’évangélisation de saint Thomas. Ainsi les chrétiens se trouvent sur le sol indien depuis 2000 ans. Depuis maintenant quelques années, des persécutions apparaissent et redoublent d’intensité avec la politique du premier ministre actuel Narendra Modi.

Narendra Modi est Premier ministre depuis 2014. Il désire faire de l’Inde ce que l’on appelle une « démocratie éthnique », c’est-à-dire une société moderne mais non occidentalisée. Ainsi, au sein de son pays, c’est l’hindouisme qui prime et qui doit s’imposer comme seule culture légitime. Le premier ministre y est très attaché et le fait comprendre en répondant par la persécution et l’expulsion aussi bien des chrétiens que des musulmans.

Celles-ci ont débuté par des mouvements hindouistes qui ont commencé à détruire des lieux de cultes et à tuer des fidèles. L’association Forum Chrétiens Uni (UCF) relève entre janvier et juin 2023 plus de 400 attaques contre les chrétiens en Inde.

Néanmoins, face à ces chiffres, l’État indien n’intervient pas. Habituellement à chaque grande catastrophe, le Premier ministre se rend sur place, adresse son soutien ou encore intervient pour aider les rescapés. Dans le cas de ces persécutions, c’est le silence total qui a régné. On est donc en mesure de supposer que l’État soutient ces persécutions et plus encore les commandite.

Depuis, certains états indiens font passer des lois dans le but de limiter l’expansion chrétienne en Inde, comme par exemple les lois « anti-conversion » : lorsqu’un citoyen décide de changer de religion, il doit en informer les autorités administratives au moins un mois avant. Une manifestation hindouiste a été organisée pour protester contre ces conversions et Swami Parmatmanand, un religieux, a déclaré : « Vous les arrêtez, vous leur expliquez que vous n’approuvez pas leur décision et, s’ils persistent, vous les abattez ! » [1]

Des réactions se font entendre d’abord au sein du pays. De nombreux évêques ont dénoncé « le silence prolongé et l’apathie des forces de l’ordre », condamnant « toutes les formes de violence, d’atrocités et d’attaques ». [2]

Amnesty International dénonce le fait que l’Inde va à l’encontre des droits universels de l’homme. Dans son rapport sur les droits en Inde, il est écrit :

« Des lois et des mesures adoptées sans consultation publique ni législative satisfaisante ont fragilisé les droits des défenseurs des droits humains et des minorités religieuses. Le gouvernement a exercé une répression brutale et ciblée contre certaines minorités religieuses, et il était courant que des figures politiques et des représentants des autorités prônent explicitement la haine à l’encontre de ces minorités sans être inquiétés ».

L’Inde ne se cache donc plus de ces persécutions qui se durcissent de mois en mois. Le projet du Premier ministre est d’accomplir l’hindutva (hindouité), il s’agit d’un projet politique qui considère que tous les Indiens doivent nécessairement être hindous. Ainsi ceux qui ne le sont pas (musulmans, chrétiens…) ne peuvent être des citoyens à part entière.

Mgr Mascarenhas explique cela en disant :

« Les chrétiens sont des étrangers, ennemis de la nation. Certains groupes fondamentalistes hindouistes ont déclaré que d’ici à 2025, l’Inde serait une nation hindoue, que les musulmans devaient partir au Pakistan et que les chrétiens devaient partir pour le Vatican ou pour des pays chrétiens… » [3]

 


  1. https://www.lavie.fr/actualite/geopolitique/en-inde-les-musulmans-et-chretiens-sous-le-rouleau-compresseur-du-nationalisme-hindou-80137.php
  2. https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2023-07/eglise-eveques-inde-manipur-violences.html
  3. https://www.google.com/amp/s/www.la-croix.com/amp/1201012744

 

>> à lire également : Routier, reste fidèle et va de l’avant !

Louis d'Auteroche

Ce contenu pourrait vous intéresser

ÉgliseChrétiens dans le monde

L’Ordinariat (2/3) | Ordinariat pour les Orientaux : une structure canonique singulière

DOSSIER « L’ordinariat : une solution pour la liturgie traditionnelle ? » | Créés au XXᵉ siècle pour rassembler les fidèles des Églises catholiques orientales vivant en terre latine, les ordinariats demeurent une entité atypique, absente du Code de droit canonique et érigée au cas par cas. Confiés à un évêque latin, ils exercent une juridiction personnelle sur des communautés orientales dispersées, cherchant un équilibre délicat entre centralisation et respect des rites propres.

+

ordinariat orientaux
International

De l’Europe à la Chine : la tyrannie des algorithmes

De l’agriculture au terrorisme, en passant par la pédophilie, l’intelligence artificielle et les algorithmes commencent déjà à prendre le pas sur la surveillance humaine. Une tyrannie qui va remettre en cause les relations et les échanges mondiaux et donc l’activité locale et nationale.

+

chine algorithme
International

Ursula von der Leyen, grande prêtresse de l’Europe 

Le 10 septembre dernier, Ursula von der Leyen prononçait le « discours sur l’état de l’Union » devant le Parlement européen. Elle a d’abord posé au chef de guerre, avant de promettre à toutes les tendances partisanes de satisfaire leurs désirs, puis de clamer son propre souhait en appelant à renforcer son pouvoir. C’était le discours d’un chef d’État et non d’un haut fonctionnaire nommé.

+

von der Leyen europe
Tribune libreChrétiens dans le monde

Il y a deux ans, la fin de l’Artsakh

Tribune libre de Benjamin Blanchard | Il y a deux ans, l’Artsakh – le Haut-Karabagh – tombait aux mains de l’Azerbaïdjan, forçant la totalité de sa population à fuir dans le dénuement le plus total. Depuis, le sort de l’Artsakh n’intéresse plus personne. L’association SOS Chrétiens d’Orient intervient en Arménie depuis 2018. En 2020, puis en 2023, elle a participé à l’accueil des déplacés d’Artsakh.

+

artsakh