Petite fille dans une famille juive non pratiquante (celle aussi de son frère, le philosophe Bernard-Henry Lévy), Véronique manifeste tout d’abord une aspiration à Dieu non raisonnée qui remplit un manque affectif, un désir d’union, sans pouvoir préciser laquelle.
À l’adolescence, devant la peur de la mort, elle emprunte la fuite en avant, voulant plaire à tout moment, le but de sa vie se définissant par son souhait d’être amoureuse. Se déroule alors une vie tumultueuse à la recherche de cet amour qu’elle ne conçoit que d’une manière absolue en une succession de fréquentations de bars, de boîtes de nuit, d’amants sans lendemain et enfin en une tentation au suicide. Rien ne la satisfait, elle attend : « me perdre pour le trouver. »
Néanmoins, la Providence veille. Une petite camarade chrétienne, Coralie, lui parle de Jésus. Désormais, elle va en rêver. Plus tard, c’est sœur Catherine, puis le Père Pierre-Marie des Fraternités monastiques de Jérusalem qui attirent son attention sur l’origine de son propre prénom, Véronique, vraie icône, et le linge où l’empreinte du Sauveur fut miraculeusement conservée. Elle a des songes, des visions et des dialogues intérieurs qu’elle transcrit avec des accents claudéliens. Et elle se découvre enfin elle-même, Véronique, vrai visage, aimée de Dieu.
Attirée par le Christ
Malgré les réticences de sa famille, attirée par le Christ, elle entre au catéchuménat et se prépare au baptême. Au contact intime avec Dieu, elle comprend tout, notamment la mission d’Israël de porter Dieu au monde et qu’au-delà de la notion de tribu charnelle existe un Israël immatériel, lieu propice à la rencontre. Elle conclut : « Je suis devenue catholique parce que je suis Juive » accédant ainsi à une vie nouvelle, spirituelle cette fois, mais qu’elle exprime avec ses mots d’avant. Car à la manière du Cantique des cantiques, elle nous fait partager ses états d’âme d’avant et après le baptême, ainsi que la profondeur psychologique de sa re-naissance en femme ressuscitée. Et surtout, la guérison miraculeuse de son frère Philippe, condamné par la médecine après sa chute suicidaire, guérison opérée par ses prières incessantes.
C’est un livre incandescent de la rencontre de l’âme avec Dieu, écrit dans un vocabulaire charnel, celui qui lui est familier et qui exprime au-delà de toute convention littéraire le souvenir d’une autre rencontre originelle de l’Ancienne Alliance avec le Très-Haut, où comme le disent parfaitement les paroles de saint Augustin : « Israël ne trouve à se réjouir qu’en Dieu. »
Véronique Lévy, Montre-moi ton visage, Éd du Cerf, 338 p., 20 euros.