Pour l’Occident, l’année 2023 nous apparaît comme une année ordinaire qui se trouve pourtant à un grand virage sinon pour l’humanité, du moins pour la politique internationale. Année ordinaire parce que nos pays continuent de vivre leurs petits mélodrames électoraux comme si de ces scènes de théâtre de boulevard dépendait l’avenir du monde. Un monde dont ils ne voient que ce qui leur convient. Un exemple ? Depuis septembre, une série de cataclysmes a décimé des populations. Le tremblement de terre du Maroc a connu une médiatisation exceptionnelle. Sans doute en raison des nombreuses demeures palatiales dont les grands noms du show business ont fait, dans ce pays, leurs lieux de fredaines. En revanche la Libye, où la tempête Daniel a tué 11 000 personnes deux jours plus tard, n’a eu droit qu’à un très modeste éclairage. Quant à l’Afghanistan, avec une série de cinq tremblements de terre dans la région d’Hérat, entre les 7 et 28 octobre, près de 2 000 morts et des dizaines de milliers de sans-abri , personne n’en a entendu parler.
La montée de la Chine…
Mais, d’un point de vue géostratégique, il y a un silence encore plus éloquent : la Chine est en train de prendre le contrôle du Moyen-Orient au détriment de l’Occident, des États-Unis plus particulièrement, sans que cela émeuve beaucoup nos médias. Nous en avons déjà parlé dans L’Homme Nouveau. Ainsi, le 10 mars, l’Iran et l’Arabie Saoudite, deux pays jugés irréconciliables, se retrouvaient à Pékin pour signer un accord scellant la reprise de leurs relations. La puissance financière chinoise n’est pas pour rien dans ce coup de maître. Mais l’empire du Milieu se donne aussi les moyens de sa politique, sans faire de l’idéologie ou du sentimentalisme. À la différence de l’Occident, qui n’a de cesse de vouloir imposer des grands principes auxquels il renonce souvent au dernier moment faute de moyens, se dévalorisant chaque fois un peu plus face au reste du monde. La Chine, elle, a un objectif : éviter la guerre au Moyen-Orient parce que c’est le passage quasi obligé des nouvelles routes de la Soie et l’accès aux plus grandes réserves mondiales de gaz et de pétrole. Parce que si les États-Unis organisaient un blocus devant ses côtes, la Chine dépendrait des nouvelles routes de la Soie pour exporter ses produits vers l’Europe. D’autre part, sans la manne des hydrocarbures, son industrie tomberait…