Le christianisme ou les idéologies

Publié le 22 Jan 2024
christianisme idéologies

Une nouvelle année offre toujours l’opportunité de prendre de bonnes résolutions. Et si, pour 2024 (et les années suivantes) nous osions définitivement nous débarrasser des idéologies pour leur préférer la vérité dans sa totalité ? Il est vrai que le terme même d’« idéologie » est souvent associé à un simple système d’idées, à des positions philosophiques ou politiques. Dès lors, pourquoi s’en faire ? Sans entrer dans une enquête historique de longue haleine, il n’est peut-être pas inutile de se souvenir que le terme « idéologie » remonte au XIXe siècle, même si les circonstances et l’origine précises de son apparition restent discutées.  

Deux idées complémentaires

Globalement, le terme « idéologie » traduit au moins deux idées complémentaires. Premièrement, la réalité n’est pas perceptible, seule l’idée que l’on s’en fait l’est. Et deuxièmement, la représentation du réel ne peut être que subjective et de ce fait relative aux individus. Le philosophe Claude Polin a tiré la logique de cet état de fait : « Ce qui veut dire qu’au principe de toute idéologie il y a cette attitude caractéristique de la modernité tout entière, qui consiste pour chaque individu à vouloir être à lui tout seul la mesure de toute réalité en même temps que servir de mesure à tous les autres ». Est-il exagéré d’affirmer que nous sommes arrivés au paroxysme de cette situation ? L’idée même de vérité a disparu ; la relativité des opinions est le seul dogme qui subsiste ; toute opinion a droit à être exprimée. Le christianisme tire sa force d’être soumis au réel, lequel n’est cependant pas réduit à ce qui est immédiatement et sensiblement perceptible, mais s’élargit aux données surnaturelles. Il serait cependant hasardeux d’affirmer que les chrétiens ne sont jamais tombés dans le piège des idéologies. Sans remonter trop loin en arrière, les tentations n’ont pas manqué : libéralisme, socialisme, marxisme, fascisme, pacifisme… À chaque époque ou à chaque saison, sa tentation. De manière récurrente, sous une forme plus ou moins larvée, ces tentations s’offrent d’ailleurs le luxe de revenir et de s’imposer à nouveau à l’esprit des catholiques.  

Insuffisance du christianisme ?

Qu’est-ce à dire ? Tout simplement, que le christianisme n’est pas considéré comme suffisant par ceux même qui professent leur foi dans le Christ. Ce paradoxe destructeur tient pour beaucoup au fait que nous connaissons mal la doctrine chrétienne, ses fondements et ses conséquences, y compris en matière sociale et politique.…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Stéphen Vallet

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneEgliseDoctrine socialeMagistère

Dignitas infinita, quels fondements philosophiques ?

Entretien | La dernière déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Dignitas infinita, datée du 2 avril 2024, revient sur la dignité et sur les droits de la personne humaine. Le texte fait référence à la Déclaration des droits de l’homme de 1948 et s’appuie sur le personnalisme catholique développé au XXe siècle. Explication par Guilhem Golfin, docteur en philosophie et professeur à Paris, contributeur de l’ouvrage La Dignité humaine. Heurs et malheurs d’un concept maltraité. 

+

Dignitas infinita
A la uneÉditorialChrétiens dans le monde

Le Vietnam catholique après Diên Biên Phu (2/3) : Une réappropriation progressive du clergé vietnamien

Dossier « Le Vietnam catholique après Diên Biên Phu » 2/3 | Comment les soubresauts de la décolonisation ont-ils affecté l’Église du Vietnam ? Désireuse de maintenir une distinction essentielle entre colonisation et mission et de faire émerger de véritables communautés catholiques locales, Rome avait en fait pris soin très tôt de former et d’émanciper un clergé indigène pour remplacer les missionnaires occidentaux.

+

vietnam clergé
A la uneSociétéBioéthiqueDoctrine sociale

La dimension « politique » de la défense de la loi naturelle

L’avalanche de lois « sociétales » en France depuis plus d’un demi-siècle, toutes étant des atteintes directes à la loi naturelle, a provoqué dans une partie du monde catholique une délégitimation diffuse ou expresse des institutions politiques les ayant édictées, cela au sein du déferlement individualiste de l’après-68 et de cette sorte d’explosion en plein vol de l’Église en état de Concile. Le « mariage » homosexuel et la constitutionnalisation de l’avortement ont porté chez ces mêmes catholiques le climat à l’incandescence. D’où la question : que faire ?

+

loi naturelle
A la uneÉditorial

Notre quinzaine : Vertu de piété ou nostalgie ? 

On a beaucoup reproché à nos compatriotes de se complaire dans la commémoration des défaites de la France. Dans le souvenir de Diên Biên Phu, il ne s’agit pas tant d’entretenir aujourd’hui la nostalgie d’une époque révolue que de se placer dans la perspective de la vertu de piété naturelle dont on rappellera ici en passant qu’elle est annexe à la vertu de justice et qu’elle nous permet de rendre imparfaitement ce que nous devons à nos parents et à notre pays. Le devoir de piété relève des premiers principes de la loi naturelle et trouve une expression synthétisée dans le quatrième commandement du Décalogue.

+

Diên Biên Phu piété naturelle
EgliseLettre Reconstruire

Les papes et le principe de subsidiarité (V)

« Question de Principe » | Comment évoquer le principe de subsidiarité dans l’enseignement pontifical sans parler du magistère de Jean-Paul II sur la question ? Auteur de trois encycliques sociales, il est aussi à l’origine du Compendium de la doctrine sociale de l’Église. Paru dans la Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024).

+

principe de subsidiarité