Le pape François a adressé un message de Carême à tous les chrétiens le 1er février 2024, intitulé « À travers le désert Dieu nous guide vers la liberté ».
Dieu a créé l’homme libre et lorsqu’il le sauve, c’est pour le libérer de l’esclavage du péché et de la mort, symbolisé dans l’Ancienne Alliance par la servitude du peuple élu en Égypte et ensuite par sa libération. Le décalogue s’ouvre d’ailleurs par ce rappel : « Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude ». Et la sortie d’Égypte et la traversée du désert furent pour Moïse le chemin vers la liberté. C’est pour aider son peuple dans la solitude du désert et contre ses dangers, que Dieu donna les dix commandements, qui soulignent avec force l’amour éducateur de Dieu.
Un Dieu éducateur
Cette paternité divine à l’égard d’Israël se révèle davantage dans le rôle d’éducateur. Dieu éduque son peuple. Il taille la plante, sa vigne chérie qu’il a lui-même plantée. C’est tout l’enseignement des Psaumes, avec cette série impressionnante de synonymes : « Enseignez-moi ; Conduisez-moi ; Instruisez-moi ; Dirigez-moi ». Le Psaume 118 en donne un véritable florilège. Ce rôle d’éducateur, nous le voyons rempli par Dieu dès le début de la Genèse, dans son avertissement à Adam.
Le péché, en effet, revient à écouter une autre voix que celle du Père, que celle de ce Dieu d’amour en qui réside la norme suprême de la morale, car il est celui qui connaît le bien et le mal. Il s’agit d’écouter Dieu, de marcher dans la voie qu’il nous trace et tout l’Ancien Testament nous indique les défenses, certes, mais aussi les encouragements d’un Dieu qui déborde d’amour.
Malheureusement, Israël et les hommes refuseront cet amour ; ils refuseront de se blottir sous les ailes de Dieu, qui voulait pourtant les élever vers les cimes de la vie surnaturelle. Et, si l’Ancien Testament – il suffirait de penser au Livre des Juges – nous parle à chaque page du péché, il nous parle également à chaque page de la miséricorde et de l’amour de Dieu, prouvés inlassablement dans l’histoire du salut, qui n’est, en définitive, rien d’autre que celle des tentatives, inlassablement répétées par notre Créateur, pour nous arracher de nos péchés.
Et puisque la voix des Prophètes n’a pas été écoutée par les vignerons homicides, alors Dieu n’avait qu’une solution : nous envoyer son propre Fils. Dieu, déjà Sauveur d’Israël, allait devenir, selon l’expression de Jean-Paul II, le Rédempteur de l’homme, car le Christ, second Adam, allait récapituler en Lui toute l’humanité.
Prenons garde cependant. L’exode de l’esclavage vers la liberté n’est ni abstrait, ni utopique. Il est concret et, pour que nous ayons un carême fructueux, il faut qu’il soit vrai et non hypocrite, réel et non idéaliste. À nouveau, après Lampedussa, le Pape, dans son message de carême de cette année oppose à la mondialisation de l’indifférence, les deux questions de la Genèse qui sont très actuelles : « où es-tu ? » Et « où est ton frère ? » Humblement, nous devons reconnaître que nous sommes encore sous l’esclavage de Pharaon. Nous sommes comme contaminés et préférons souvent les oignons de l’Égypte.
Nous ne savons plus ni nous émerveiller, ni nous émouvoir, blasés que nous sommes trop souvent. Le Pharaon cherche à nous enchaîner pour toujours, mais heureusement « Dieu a vu la détresse de son peuple ». Alors ne désespérons jamais, mais gardons confiance. Dieu miséricordieux peut tout et il changera nos cœurs de pierre en cœurs de chair, si du moins nous le laissons faire.
Accueillons avec Marie ce carême comme un temps fort, qui nous conduira, par la conversion, sur le chemin nécessaire à la vraie liberté et laissons-nous toujours guider par la Providence. C’est dans la mesure où notre carême sera un chemin de conversion vers la vérité qui nous rendra libres, que l’humanité égarée pourra retrouver l’aube de l’espérance.
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