Ilham Aliyev a été réélu président de l’Azerbaïdjan le 7 février 2024. L’élection avait été avancée à début 2024 pour concorder avec la dernière guerre du Haut-Karabakh en Arménie. Méprisant les droits de l’homme, le dictateur n’est pourtant pas inquiété par l’Occident.
Le 7 février, Ilham Aliyev s’est présenté à l’élection présidentielle de l’Azerbaïdjan. Au pouvoir depuis 2003, il avait succédé à son père, lui-même aux commandes depuis 1993. Le résultat du scrutin a été sans surprise : 92 %. Sans surprise et symptomatique d’un régime autoritaire. Cette élection est-elle pourtant sans légitimité ? Il faut reconnaître qu’Aliyev avait choisi le moment du scrutin avec habileté. La présidentielle devaient se dérouler en 2025. Il l’a avancée d’un an pour mieux tirer profit des retombées sur l’opinion de la dernière guerre du Haut-Karabakh quand, en septembre dernier, les troupes azerbaïdjanaises ont chassé une centaine de milliers d’Arméniens de la région. Les guerres de reconquête ont toujours la faveur des peuples. Or, sur ce plan, Aliyev sait y faire : il entretient la tension avec l’Arménie voisine et, sur la frontière, les accrochages ne sont pas rares. Mardi 13 février, cinq jours après l’élection, des soldats azerbaïdjanais ont ouvert le feu sur des positions arméniennes dans la région de Siounik, tuant quatre soldats d’Erevan et en blessant plusieurs. Bakou a dit avoir effectué une opération « de vengeance », un de ses soldats ayant été blessé la veille.
Un dictateur
Aliyev ne s’est cependant pas contenté de son image de sauveur de la patrie. Depuis des années, et avec une énergie redoublée dans les semaines précédant sa réélection, il lamine l’opposition. Amnesty International rapporte que, depuis le mois de novembre, 13 personnes appartenant à une opposition politique non violente ont été incarcérées. Parmi elles, des journalistes et des militants des droits de l’homme. Puis les services de sécurité se sont acharnés sur les familles des détenus pour engendrer un climat de peur parmi les opposants. Ainsi la rédactrice en chef d’Abzas Media, une publication en ligne, s’est-elle retrouvée emprisonnée et sa mère a vu sa pension de retraite et ses prestations de santé gelées. Au point qu’elle ne peut plus s’acheter ses médicaments. Selon Amnesty, on compte 200 prisonniers politiques en Azerbaïdjan. Dans ces conditions, ne serait-ce que pour l’attaque du Haut-Karabakh, contre des chrétiens, et pour son mépris des droits de l’homme, on s’attendrait…