Azerbaïdjan : du gaz et du pétrole en échange des droits de l’homme

Publié le 27 Fév 2024
Azerbaïdjan Ilham Aliyev

© President.az, CC BY 4.0

Ilham Aliyev a été réélu président de l’Azerbaïdjan le 7 février 2024. L’élection avait été avancée à début 2024 pour concorder avec la dernière guerre du Haut-Karabakh en Arménie. Méprisant les droits de l’homme, le dictateur n’est pourtant pas inquiété par l’Occident.

  Le 7 février, Ilham Aliyev s’est présenté à l’élection présidentielle de l’Azerbaïdjan. Au pouvoir depuis 2003, il avait succédé à son père, lui-même aux commandes depuis 1993. Le résultat du scrutin a été sans surprise : 92 %. Sans surprise et symptomatique d’un régime autoritaire. Cette élection est-elle pourtant sans légitimité ? Il faut reconnaître qu’Aliyev avait choisi le moment du scrutin avec habileté. La présidentielle devaient se dérouler en 2025. Il l’a avancée d’un an pour mieux tirer profit des retombées sur l’opinion de la dernière guerre du Haut-Karabakh quand, en septembre dernier, les troupes azerbaïdjanaises ont chassé une centaine de milliers d’Arméniens de la région. Les guerres de reconquête ont toujours la faveur des peuples. Or, sur ce plan, Aliyev sait y faire : il entretient la tension avec l’Arménie voisine et, sur la frontière, les accrochages ne sont pas rares. Mardi 13 février, cinq jours après l’élection, des soldats azerbaïdjanais ont ouvert le feu sur des positions arméniennes dans la région de Siounik, tuant quatre soldats d’Erevan et en blessant plusieurs. Bakou a dit avoir effectué une opération « de vengeance », un de ses soldats ayant été blessé la veille.  

Un dictateur

Aliyev ne s’est cependant pas contenté de son image de sauveur de la patrie. Depuis des années, et avec une énergie redoublée dans les semaines précédant sa réélection, il lamine l’opposition. Amnesty International rapporte que, depuis le mois de novembre, 13 personnes appartenant à une opposition politique non violente ont été incarcérées. Parmi elles, des journalistes et des militants des droits de l’homme. Puis les services de sécurité se sont acharnés sur les familles des détenus pour engendrer un climat de peur parmi les opposants. Ainsi la rédactrice en chef d’Abzas Media, une publication en ligne, s’est-elle retrouvée emprisonnée et sa mère a vu sa pension de retraite et ses prestations de santé gelées. Au point qu’elle ne peut plus s’acheter ses médicaments. Selon Amnesty, on compte 200 prisonniers politiques en Azerbaïdjan. Dans ces conditions, ne serait-ce que pour l’attaque du Haut-Karabakh, contre des chrétiens, et pour son mépris des droits de l’homme, on s’attendrait…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Alain Chevalérias 

Ce contenu pourrait vous intéresser

InternationalBioéthique

Abolition de la GPA : une semaine historique à l’Onu

Dans un rapport du 1er octobre, Reem Alsalem, rapporteur spécial des Nations unies sur la violence contre les femmes et les filles, a qualifié la gestation pour autrui de « forme d’esclavage moderne », et appelé à l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant interdisant la GPA « sous toutes ses formes ». 

+

gpa
International

Ce que l’Europe et l’Amérique doivent à l’Espagne. Entretien avec Marcelo Gullo (2/2)

Entretien partie 2 | Le 7 octobre, l'historien et politologue argentin Marcelo Gullo Omedeo publiait son dernier ouvrage, Lepanto : Cuando España salvó a Europa (Lépante. Quand l'Espagne a sauvé l’Europe). À cette occasion, Arnaud Imatz, docteur en sciences politiques et hispaniste, s’est entretenu avec l’auteur sur l’apport de l’Espagne dans l’histoire de l’Europe et des Amériques.

+

Espagne
International

De l’Europe à la Chine : la tyrannie des algorithmes

De l’agriculture au terrorisme, en passant par la pédophilie, l’intelligence artificielle et les algorithmes commencent déjà à prendre le pas sur la surveillance humaine. Une tyrannie qui va remettre en cause les relations et les échanges mondiaux et donc l’activité locale et nationale.

+

chine algorithme
International

Ursula von der Leyen, grande prêtresse de l’Europe 

Le 10 septembre dernier, Ursula von der Leyen prononçait le « discours sur l’état de l’Union » devant le Parlement européen. Elle a d’abord posé au chef de guerre, avant de promettre à toutes les tendances partisanes de satisfaire leurs désirs, puis de clamer son propre souhait en appelant à renforcer son pouvoir. C’était le discours d’un chef d’État et non d’un haut fonctionnaire nommé.

+

von der Leyen europe
International

L’assassinat de Charlie Kirk secoue les États-Unis

Décryptage | Militant conservateur et figure de la droite américaine, Charlie Kirk a été assassiné le 10 septembre dernier dans l’Utah (États-Unis). Sa mort a provoqué une onde de choc aux États-Unis, et même au-delà, ravivant les tensions politiques dans un contexte déjà très polarisé. 

+

Charlie kirk Amérique