Le pape invite à la confiance et à l’espérance

Publié le 01 Mar 2017
Confiants et ouverts à l'image de saint Paul L'Homme Nouveau

Lors de ses audiences du mercredi, le Pape poursuit son enseignement sur l’espérance chrétienne. Il est aprti ce 15 février de l’expression fameuse du début du chapitre Vème de l’Épître aux Romains : « l’espérance ne confond pas ». À ce propos, le Pape aborde un sujet fort délicat : la vantardise. On entend souvent ce reproche adressé à saint Paul : Oh ! Il ne fait que parler de lui ! Il n’arrête pas de se vanter ! De fait, est-il possible de se vanter sans offenser autrui, sans exclure quelqu’un, sans commettre donc un péché grave ? La réponse est en fait facile : saint Paul ne se vante que dans le Christ. Lui-même s’est toujours considéré comme un « avorton » et un « persécuteur de l’Église », que la grâce du Christ a cependant saisi pour en faire son Apôtre. C’est d’ailleurs uniquement en face des judaïsants qui ne le considéraient pas comme Apôtre que saint Paul se sent l’obligation de se défendre et ainsi de se vanter. Mais il est clair qu’il ne se vante que de l’abondance de grâces qui lui a été octroyée, car « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé ». Pareillement, saint Paul veut faire comprendre à tous les chrétiens que dans l’Esprit Saint tout est don, tout est grâce. Tout vient de Dieu qui est Amour, par le Christ son Fils. Il nous faut être bien conscients de cela. C’est alors pour nous un motif de louange, de joie et de bénédiction, mais qui doit refluer vers le « Père de toutes les consolations ». « Non pas à nous, non pas à nous mais à votre nom, rendez la gloire » disait déjà le psalmiste. Dans ses épîtres, saint Paul se situe toujours à ce niveau. Cette action de grâces envers Dieu est cause de paix profonde avec Dieu et avec tous les hommes et par là cause d’espérance, car la paix avec Dieu entraîne inévitablement un changement radical dans les relations sociales.

Le scandale de la Croix

Mais il est un autre point difficile à comprendre. Saint Paul nous exhorte à nous vanter comme lui dans nos tribulations. Comment concilier cela avec cette action de grâces pour tous les bienfaits octroyés par Dieu et qui engendre en nous consolation et espérance ? La solution n’est en général pas perçue et cela de tout temps. C’est même la pierre d’achoppement sur laquelle ont déjà butté les Apôtres et sur laquelle buttent même nombre de théologiens ou liturgistes modernes. C’est simplement le scandale de la Croix, folie de l’amour de Dieu. La Croix est inévitable, mais elle ne doit jamais désarçonner le chrétien. Bien au contraire elle doit engendrer l’espérance car elle accroît la patience et nous fait entrer plus profondément en communion avec l’Incarnation de la miséricorde. Là réside la solidité de l’espérance chrétienne qui est invincible parce qu’elle est fondée sur l’amour miséricordieux de Dieu. Tout est là : Dieu nous aime. Oui dira-t-on, Dieu aime les autres, mais pas moi car je suis trop pécheur. Cette réponse vient du démon qui surtout à l’heure de la mort tente par le désespoir, comme il l’a fait pour Judas. Il faut donc se redire chaque jour à soi-même : Dieu m’aime, il m’appelle par mon nom et va jusqu’à m’inviter à ses noces. Cette parole réconfortante doit même devenir une prière qui chassera tous les démons du désespoir ou du suicide. Faisons cette prière par Marie, l’Immaculée qui, comme associée du Rédempteur, a triomphé, une fois pour toutes, du diable et de ses suppôts.

Marie nous fera alors comprendre la raison pour laquelle saint Paul se vante dans le Seigneur. Il se vante de l’amour de Dieu qui l’aime comme Père. Nous aussi sommes aimés comme les fils d’un même Dieu, Père miséricordieux. Telle est le fondement de la vraie fraternité universelle.

Le discours du Pape

Dès notre enfance, on nous enseigne qu’il n’est pas beau de se vanter. Dans ma terre, on appelle ceux qui se vantent des «paons». Et c’est juste, parce que se vanter de ce que l’on est ou de ce que l’on a, dénote, outre un certain orgueil, également un manque de respect à l’égard des autres, en particulier à l’égard de ceux qui ont moins de chance que nous. Mais dans ce passage de la lettre aux Romains, l’apôtre Paul nous surprend, car il nous invite au moins à deux reprises à nous vanter. De quoi alors est-il juste de se vanter? Parce que si lui exhorte à se vanter, alors c’est qu’il existe quelque chose dont il est juste de se vanter. Et comment peut-on faire cela, sans offenser les autres, sans exclure personne?

Dans le premier cas, nous sommes invités à nous « enorgueillir de l’abondance de la grâce » dont nous sommes comblés en Jésus Christ, au moyen de la foi. Paul veut nous faire comprendre que, si nous apprenons à lire chaque chose à la lumière de l’Esprit Saint, nous nous apercevons que tout est grâce! Tout est don! Si nous faisons attention, en effet, à agir – dans l’histoire comme dans notre vie – ce n’est pas seulement nous, mais c’est avant tout Dieu. C’est Lui le protagoniste absolu, qui crée toute chose comme un don d’amour, qui tisse la trame de son dessein de salut et qui le porte à son accomplissement pour nous, à travers son Fils Jésus. Il nous est demandé de reconnaître tout cela, de l’accueillir avec gratitude et d’en faire un motif de louange, de bénédiction et de grande joie. Si nous faisons cela, nous sommes en paix avec Dieu et nous faisons l’expérience de la liberté. Et cette paix s’étend ensuite à tous les domaines et à toutes les relations de notre vie: nous sommes en paix avec nous-mêmes, nous sommes en paix en famille, dans notre communauté, au travail et avec les personnes que nous rencontrons chaque jour sur notre chemin.

Paul, toutefois, nous exhorte à nous « enorgueillir également dans les épreuves ». Cela n’est pas facile à comprendre. Cela nous apparaît plus difficile et il peut sembler que cela n’a rien à voir avec la condition de paix que l’on vient de décrire. Cela en constitue en revanche le présupposé le plus authentique, le plus vrai. En effet, la paix que nous offre et nous garantit le Seigneur ne doit pas être entendue comme l’absence de préoccupations, de déceptions, de manquements, de motifs de souffrance. S’il en était ainsi, dans le cas où nous réussissions à être en paix, ce moment finirait bientôt et nous tomberions inévitablement dans le désespoir. La paix qui jaillit de la foi est au contraire un don: c’est la grâce de faire l’expérience que Dieu nous aime et est toujours proche de nous, ne nous laisse pas seuls ne serait-ce qu’un instant de notre vie. Et cela, comme l’affirme l’apôtre, engendre la patience, parce que nous savons que, même dans les moments les plus difficiles et bouleversants, la miséricorde et la bonté du Seigneur sont plus grandes que toute chose et rien ne nous arrachera de ses mains et de la communion avec Lui.

Une espérance solide

Voilà donc pourquoi l’espérance chrétienne est solide, voilà pourquoi « elle ne déçoit pas ». Elle ne déçoit jamais. L’espérance ne déçoit pas! Elle n’est pas fondée sur ce que nous pouvons faire ou être, ni sur ce en quoi nous pouvons croire. Son fondement, c’est-à-dire le fondement de l’espérance chrétienne, est ce qu’il peut y avoir de plus fidèle et de plus sûr, c’est-à-dire l’amour que Dieu lui-même nourrit pour chacun de nous. Il est facile de dire: Dieu nous aime. Nous le disons tous. Mais pensez un peu: chacun de nous est-il capable de dire: je suis sûr que Dieu m’aime? Il n’est pas si facile de le dire. Mais cela est vrai. C’est un bon exercice, que de se dire à soi-même: Dieu m’aime. C’est la racine de notre sécurité, la racine de l’espérance. Et le Seigneur a déversé avec abondance dans nos cœurs l’Esprit – qui est l’amour de Dieu – comme artisan, comme garant, précisément afin de pouvoir alimenter en nous la foi et maintenir vivante cette espérance. Et cette sécurité: Dieu m’aime. «Mais en ce moment difficile?» – Dieu m’aime. «Et moi, qui ai fait cette chose laide et mauvaise?» – Dieu m’aime. Personne ne peut nous ôter cette sécurité. Et nous devons le répéter comme une prière: Dieu m’aime. Je suis sûr que Dieu m’aime. Je suis sûr que Dieu m’aime.

A présent, nous comprenons pourquoi l’apôtre Paul nous exhorte à nous vanter toujours de tout cela. Je me vante de l’amour de Dieu parce qu’il m’aime. L’espérance qui nous a été donnée ne nous sépare pas des autres, et ne nous conduit pas non plus à les discréditer ou à les marginaliser. Il s’agit en revanche d’un don extraordinaire, dont nous sommes appelés à devenir les «canaux», avec humilité et simplicité, pour tous. Et alors, notre gloire la plus grande sera d’avoir comme Père un Dieu qui ne fait pas de préférences, qui n’exclut personne, mais qui ouvre sa maison à tous les êtres humains, à partir des derniers et de ceux qui sont loin, afin que, en tant que ses fils, nous apprenions à nous réconforter et à nous soutenir les uns les autres. Et n’oubliez pas: l’espérance ne déçoit pas.

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