Avec ce troisième livre, Gilles Babinet poursuit son apologie pour le numérique et sa prophétie d’une mondialisation heureuse sous l’égide des Big data. Il a des atouts pour le faire, et pour promouvoir en modèle sa success story dans le monde digital : entrepreneur numérique et fondateur d’une dizaine de sociétés en ce domaine, en particulier dans l’exploitation des données mais aussi dans les jeux, c’est aussi un personnage officiel depuis 2011, désormais représentant de la France dans l’Union européenne « pour aider les États, ainsi que la Commission européenne, à promouvoir les avantages d’une société numérique ouverte à tous ». Pour lui, aucun doute n’est possible, le marché, la société, les personnes et, ce qui semble plus important, les entreprises et leur marketing sont de façon irréversible remodelés par l’informatique de masse dont Amazon ou Google sont les figures dominantes. Il faut « passer aux barbares », car la victoire des data scientists est inéluctable. Une « révolution anthropologique » est en cours : pour s’en convaincre, il n’y a qu’à se glisser discrètement dans un « incubateur de jeunes start-up ».
Mais à y regarder de plus près, de quoi s’agit-il ? De réaliser des gains de productivité. Le modèle économique dominant, qui met la production/consommation au principe même de l’humain n’est pas touché, il est au contraire renforcé. Le livre terminé, le lecteur se demande de qui l’auteur est le prophète : d’une humanité heureuse ou de Big Brother ?
Gilles Babinet, Transformation digitale : l’avènement des plateformes, Le Passeur Éditeur, 216 p., 18,50 €.