Depuis un an, la télévision sur Internet, TVLibertés propose un programme catholique sous le titre, Terres de mission. Jean-Pierre Maugendre, par ailleurs Président de l’association Renaissance catholique, en est l’un des animateurs. Il revient ici sur cette aventure qu’il entend bien continuer. Dès le début de sa diffusion, Terres de mission a présenté les productions de l’Homme Nouveau, nous apportant une tribune, refusée ailleurs. Un grand merci aux producteurs et aux animateurs de cette émission dont nous pouvons mieux cerner ici les buts et la démarche;
Yves Amossé : Jean-Pierre Maugendre, vous animez depuis un an – le 2 octobre 2016 pour être précis – sur TV Libertés une émission d’information religieuse en alternance avec Guillaume de Thieulloy. Cette émission hebdomadaire disponible à partir du dimanche à midi précis porte le nom de Terres de Mission. Pourquoi ce titre ?
Jean-Pierre Maugendre : La paternité de ce titre revient à Daniel Hamiche et Guillaume de Thieulloy qui ont, avant moi, été associés à ce projet par Martial Bild, directeur de la rédaction et des programmes de TV Libertés. Celui-ci, en accord avec Philippe Milliau, le président de la chaîne, souhaitait que soit programmée, le dimanche matin, une émission religieuse. Le titre, Terres de mission, fait référence au célèbre livre des abbés H. Godin et Y. Daniel : La France pays de mission ? publié en 1943. Les auteurs y constataient la déchristianisation en profondeur de notre pays et en appelaient à de nouvelles méthodes d’apostolat ayant pour fer de lance les mouvements d’Action Catholique. Soixante dix années plus tard, l’échec de ces méthodes, magistralement décrit dans l’ouvrage de Paul Vigneron, Les crises du clergé français contemporain, n’est plus à démontrer. Aujourd’hui encore plus qu’hier, la France est redevenue un pays de mission. Or l’Église est, par essence, missionnaire. Jusqu’à une époque récente, elle a toujours pris au sérieux la parole de l’Écriture :
« Allez-vous en dans le monde entier et prêchez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné ». (Mc XVI,15).
Il ne s’agit pas, depuis 2000 ans pour l’Église, d’une formule de style ou de propos d’après boire mais d’une tragique réalité qui a conduit des générations de missionnaires à sillonner la planète, au péril de leur vie, non pas pour jouer les animateurs sociaux mais pour porter l’Évangile à des populations dont le Salut éternel apparaissait gravement compromis par leur méconnaissance du vrai Dieu et de son enseignement. Tout chrétien, par son baptême et sa confirmation, participe, par nature, de cette sollicitude pour le Salut des âmes. L’Église catholique, à laquelle nous appartenons, n’est pas la secte des purs ; elle a vocation à être le levain dans la pâte pour, selon la belle formule de saint Pie X, « Tout restaurer dans le Christ ». La devise de notre émission est Dieu premier servi et les saints patrons en sont saint François de Sales et sainte Claire d’Assise pour des raisons que chacun peut découvrir en allant regarder notre premier enregistrement.
Yves Amossé : Quel est le cahier des charges qui vous a été confié ?
J.P. Maugendre – Il se résume à quelques éléments simples. L’émission est brève, normalement entre 26 et 30 mn. Cela oblige l’invité à être direct, clair et percutant. Elle doit comporter trois séquences traitant de l’actualité de la vie de l’Église. Une séquence sur l’Église universelle, une sur l’Église en France et une sur l’Église en Marche. Celle-ci doit rendre compte ou annoncer des initiatives ou des actions concrètes. Enfin, il s’agit de faire une émission accessible au grand public, aussi bien par le choix des sujets que par le niveau des interventions. Ce n’est pas la soutenance d’un doctorat de théologie. Avec Guillaume de Thieulloy, nous alternons les émissions. Chacun de nous assure deux dimanches successifs puis passe la main.
Yves Amossé : Quels sont vos souvenirs les plus marquants ?
J.P. Maugendre – Les laïcs qui cherchent à rester fidèles à la foi de leurs pères et aux exigences de leur baptême vivent une période de grande confusion. Ils sont en butte à une hostilité médiatique et institutionnelle permanente confortée par la montée en puissance d’un Islam viscéralement opposé aux valeurs du christianisme. Face à ces attaques, plus ou moins sournoises, il faut bien convenir que l’attitude des autorités ecclésiastiques est bien souvent, au minimum, décevante. Le catholique attaché à la pratique et à la morale traditionnelles de l’Église se sent souvent un citoyen de seconde zone, abandonné et méprisé par ceux qui devraient être ses pasteurs, et cela dans sa propre Église. Sa rigueur est caricaturée en rigidité, son sens de la liturgie, qui est la prière de l’Église, devient rubricisme désuet. Certains propos du pape le laissent pantois. C’est pourquoi, chaque rencontre avec des membres de l’Église enseignante ou des prêtres qui partagent ses inquiétudes certes mais aussi son indéfectible espérance, est une immense joie. J’ai ainsi eu l’honneur d’interroger le cardinal Burke, Mgr Schneider et Mgr Fellay. Mais également de très nombreux ecclésiastiques ou religieux(ses) : jésuite, prêtres diocésains, membres de la Fraternité Saint-Pie-X, de la Fraternité Saint-Pierre, de l’Institut du Bon Pasteur, de l’Institut du Christ-Roi Souverain-prêtre, des dominicaines, etc. Des laïcs bien connus (Philippe Maxence, Cécile Édel, Jean-François Chemain, Laurent Dandrieu, Daniel Hamiche, Laurent Touchagues, etc.) ou moins connus (Perrine Collette, Vianney Chatillon, Guy Barrey, etc.) Nous avons traité des sujets directement religieux mais aussi des sujets littéraires avec des émissions sur La Varende ou René Bazin ; mais également culturels avec la présentation de la chorale de l’Académie Musicale Notre-Dame-de-Liesse, le concours d’éloquence de la DRAC ou l’actualisation nordiste de santons provençaux. « Une forêt qui pousse fait moins de bruit qu’un arbre qui tombe ». Nous cherchons à faire connaître les forêts qui poussent, et il y en a !
Yves Amossé : Quel est le rayonnement de cette émission ?
J.P. Maugendre – Le terme de rayonnement est peut-être un peu prétentieux. Cependant, l’avantage de la télévision sur Internet est que l’on peut mesurer le nombre de connexions et donc l’audience en temps réel. Nous savons ainsi que, à ce jour, les émissions les plus regardées ont été, par ordre décroissant : l’entretien déjà cité avec Mgr Fellay, le reportage présenté par Jeanne Smits sur l’utilisation de livres de lecture pornographiques dans l’enseignement catholique à Rennes et l’entretien avec Laurent Dandrieu sur la déclaration du pape François à l’occasion de la Journée mondiale du Migrant et du réfugié.
Yves Amossé : Quels sont vos projets ?
J.P. Maugendre – Il nous faut tout d’abord encore travailler à consolider notre audience. Nous n’avons pas la religion du chiffre mais il serait malheureux que l’émission « des cathos », avec leurs insuffisances et leurs faiblesses certes, sur TV Libertés soit une de celles qui serait la moins regardées. J’en imagine déjà certains sourire… Nous sommes bien aidés dans la diffusion de ces émissions par l’annonce systématique qu’en font nos amis du Salon Beige, que je remercie au passage. À raison de trois sujets par émission, nous pouvons couvrir un vaste panel de centres d’intérêt. Chacun peut avoir le réflexe de transférer à quelques amis l’émission qui lui a plu. Nous retrouvons là un aspect concret de notre vocation missionnaire qui est celle de tout chrétien. De plus, nous souhaitons pouvoir élargir le cercle de nos invités. Toutes les propositions et idées sont les bienvenues, animées par la belle sentence édictée par Louis Veuillot : « Tout ce qui est catholique est nôtre ». Nous espérons également organiser quelques débats. Des livres comme ceux de l’abbé de Servigny, Les cathos sont-ils de retour ? ou de Laurent Dandrieu, Église et immigration. Le grand malaise, nous semblent mériter un débat entre catholiques partageant la même foi et professant le même Credo.
Yves Amossé : Le mot de la fin ?
J.P. Maugendre – Si vous pensez que ces émissions peuvent vous apporter quelque chose vous pouvez les regarder sur TV Libertés. Le 17 septembre, nous en sommes à la 45e émission ! Si vous pensez que ces émissions peuvent être utiles à d’autres, vous pouvez les leur transférer ou leur signaler. Si vous pensez que nous faisons œuvre utile vous pouvez prier pour nous, nous proposer des sujets et nous faire connaître. Vous pouvez aussi aider TV-Libertés.