Une jeune troupe s’est constituée il y a un an avec un objectif unique, jouer la pièce de Gustave Thibon Vous serez comme des dieux. Une pièce à plusieurs niveaux d’interprétation et criante d’actualité. Pour savoir ce qui à motivé ces jeunes dans ce projet qui trouvera son aboutissement le 3 juin, nous avons interrogé Hortense Binet, metteur en scène de la troupe.
Hortense Binet, vous avez choisi de mettre en scène la pièce de Gustave Thibon « vous serez comme des dieux », comment vous est venue l’idée et qui constitue votre troupe ?
J’ai redécouvert cette œuvre l’année dernière et j’ai été marquée par la profondeur de ce texte et par son actualité. Elle suscite des questions essentielles dans nos vies de chrétiens, comme celle de la souffrance, de la vie, de la mort, et surtout celle de la nature de l’amour que nous portons à Dieu. Je trouvais dommage qu’une telle œuvre reste méconnue, et c’est ainsi que m’est venue l’idée de mettre en scène cette pièce.
13 acteurs se sont donc réunis deux à trois fois par semaine pendant un an pour réaliser ce projet. Nous venons tous de filières différentes, c’est le goût du théâtre et la beauté de cette pièce qui a motivé notre engagement.
Philosophe, poète, conférencier, il est aussi auteur et même dramaturge, pouvez-vous nous parler de la pièce en elle-même ?
Gustave Thibon a écrit cette pièce dans le but de répondre à Nietzsche. Selon Nietzsche, l’homme s’est inventé un Dieu pour justifier la souffrance, l’injustice, la mort, tout ce qu’il ne comprend pas et qui lui fait peur. Dans cette pièce Gustave Thibon imagine donc un monde où l’homme maîtrise tous les secrets de la science et où peine, souffrance et mort appartiennent au passé. Les hommes ont crée un nouveau paradis, un paradis artificiel dont ils sont désormais les dieux. Dans ce monde parfait évolue une jeune fille, Amanda, qui malgré tout le bonheur que la vie lui offre a soif de quelque chose de plus, de quelque chose en dehors du temps : Dieu. La pièce est l’histoire de sa conversion et de la lutte qu’elle va devoir mener avec elle-même et avec ses proches.
Qu’est-ce que la pièce vous apporte que souhaitez-vous transmettre aux spectateurs ?
Cette pièce est très riche, mais je ne pense pas qu’il faille aller la voir dans le but d’obtenir des réponses. Il s’agit avant tout de se laisser surprendre, et d’être ouvert aux questions qu’elle fait naître. Il faut se laisser porter par la rencontre avec les acteurs d’abord, avec Gustave Thibon ensuite, mais surtout avec le personnage d’Amanda qui vit une conversion bouleversante. J’espère que cette pièce fera grandir ceux qui viendront la voir autant qu’elle nous a fait grandir pendant toute cette année de répétition.
Pour terminer je laisse la parole à Gustave Thibon qui expose bien mieux que moi la question que soulève cette histoire : « À tant de chrétiens modernes qui acclament sans réserve tous les progrès temporels comme les effets et les preuves de la vocation divine de l’homme, je voudrais poser cette question-limite qui départage à jamais les hommes de l’avenir et les hommes de l’éternité: si, du jour au lendemain, la science supprimait la mort, que penseriez-vous de ce » plan de Dieu sur l’histoire » qui perpétuerait indéfiniment la séparation entre l’homme et Dieu? Et surtout que choisiriez-vous? De profiter d’une découverte qui vous priverait pour jamais de la vision de celui que vous appelez votre Dieu ou bien de vous précipiter dans l’inconnu pour le rejoindre ? ».