Cet été : Jean Racine, un dramaturge chrétien
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Cet été : Jean Racine, un dramaturge chrétien
Toutes les tragédies dites « profanes» de Racine tirent leur inspiration de la Grèce antique. Et pourtant, largement imprégné de la culture de Port-Royal, l’écrivain donna à ses personnages maints traits chrétiens. Entre les vers et dans les mots, se lit l’Écriture sainte, et saint Augustin insuffle un peu de sa conception de la grâce aux héros raciniens : l’homme est toujours face à Dieu.
Seules, Esther (1689) et Athalie (1691), fondées sur des épisodes bibliques et jouées à Saint-Cyr à l’initiative de pieuses gens, méritent d’être tenues pour des tragédies sacrées, comparables à ces vies de saints que portèrent au théâtre Garnier (Les Juives, 1583), Rotrou (Le Véritable Saint Genest, 1647), Corneille (Polyeucte, 1643 ; Théodore vierge et martyre, 1646). Les autres sujets traités par Racine furent grecs (La Thébaïde, Alexandre, Andromaque, Iphigénie, Phèdre), romains (Britannicus, Bérénice, Mithridate) ou turcs (Bajazet). Il commença sa carrière de dramaturge dans les années 1660 ; eût-il alors voulu écrire des pièces chrétiennes, il ne le pouvait, les autorités religieuses de Paris s’y opposant, et même tendant à blâmer toute forme de théâtre et à décrier, Molière en sut quelque chose, les auteurs comme les comédiens.
Néanmoins, Racine avait de sa famille et de ses maîtres port-royalistes reçu une formation religieuse si profonde que, voulût-il s’en affranchir et ne se soucier que de réussir, il était inévitable que ses personnages, contre toute vraisemblance, eussent des traits chrétiens. Au reste, ses pièces eussent-elles passionné ses contemporains, s’ils n’avaient pu s’y retrouver ? Toute l’époque est déchirée par le débat entre Port-Royal et les Jésuites, dont le nœud est la question de la liberté de l’homme face à la grâce divine ; Racine suspecte comme ses anciens maîtres notre volonté d’être gâtée par le péché : nombre de ses héros donnent raison à Port-Royal, qui se résignent à dire, comme Oreste : « Puisqu’après tant d’efforts ma résistance…