La paix du premier mode envahit cette mélodie consacrée à la louange de Dieu à travers la figure du père de la Sainte Vierge. L’art grégorien se révèle dans la libre alternance des différentes montées et descentes par degrés conjoints, toujours très régulières et très fluides, juste entrecoupées çà et là d’intervalles de tierce ou de quarte, et même ici de quinte, qui donnent du relief à la vocalise mais sans jamais rompre la souplesse et la parfaite unité de la ligne mélodique. C’est dans les variations de tempo et d’intensité, comme aussi dans la mise en valeur du rythme qui anime et traverse les neumes, que l’expression va surtout jaillir d’une pièce comme celle-là, dont la paix reste la caractéristique spirituelle dominante. L’alléluia commence piano, monte une première fois jusqu’au fa (*), premier palier, redescend avec douceur sur le do (*), sous-tonique du mode, remonte encore jusqu’au sol (*) cette fois, pour redescendre à nouveau vers le ré (*), après avoir déposé fermement l’accent (*). Puis l’ardeur de l’âme en prière emporte la vocalise vers les hauteurs. Celle-ci culmine, après un beau crescendo, sur le si bémol plein de vénération et d’ardeur, plonge une nouvelle fois vers le grave (*), jaillit à nouveau en un dernier élan, mais moins fort (*), et s’achève enfin dans la contemplation paisible du Père des cieux, dont Joachim est un reflet privilégié pour l’Église, Israël de Dieu : « Ô Saint Joachim, mari d’Anne et père saint de la Vierge, accordez à vos serviteurs le secours nécessaire au salut, alléluia ! ».
Pour entendre cet Alleluia.
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