Agrégé d’histoire, professeur dans un lycée public, et collaborateur aux revue Limite et Conflits, Ambroise Tournyol du Clos prend ici la plume pour défendre son métier, aujourd’hui dévoyé.
L’Éducation nationale, et tout le système de l’enseignement en France, fait aujourd’hui face à l’individualisme et à l’utilitarisme dans le rapport au savoir, et un terrible soupçon pèse sur la transmission. La crise de l’éducation est réelle et de nombreux auteurs l’ont déjà analysé. C’est pourquoi l’originalité de ce livre réside plutôt dans le ton choisi par Ambroise Tournyol du Clos pour aborder son sujet : manifeste passionné d’un professeur habité par sa vocation.
En ce sens, Ambroise Tournyol du Clos remet en avant le côté artisanal et long de l’enseignement face à l’industrialisation et la gestion managériale désastreuse de l’Éducation nationale. L’enseignement est un geste qui exige un grand amour de l’enseignant pour les enseignés : un amour exigeant mais qui est à la base de toute transmission. L’auteur nous rappelle aussi que c’est à travers l’apprentissage de l’altérité et de l’autorité que l’élève est éveillé à la communauté politique et à la recherche du bien commun.
De manière originale l’auteur aborde, dans la dernière partie de son livre, l’acte poétique de l’enseignement. Celui-ci doit se construire sur deux piliers : une quête profonde de sens, et une contemplation patiente et attentive du beau.
Facile à lire, et bien écrit, les lecteurs y découvriront une profonde réflexion qui repose sur une expérience mûrie. La recherche du style ne cède en rien au fond, chaque proposition est appuyée par des anecdotes et des exemples concrets vécus. Réenchanter le métier de professeur est certainement l’objectif de l’auteur, mais son souci est d’abord d’ancrer intégralement l’école en Dieu, et de dépasser la simple approche institutionnelle qui ne suffit plus pour lui rendre sa fécondité. C’est tout le sens de l’appel que lance Ambroise Tournyol du Clos.