Au Niger : l’humiliation de Washington

Publié le 08 Avr 2024
niger

La base aérienne d’Agadez est désormais interdite aux troupes américaines. © USAF/JanK.Valle

Le 16 mars dernier, le Niger a décidé d’annuler l’accord de coopération militaire passé avec les États-Unis, mettant fin à douze ans de présence américaine dans le pays, après le départ des Français fin 2023.

  Le coup est dur pour les États-Unis : le 16 mars, la junte au pouvoir au Niger a annulé l’accord de coopération militaire passé il y a douze ans entre Niamey et Washington. Cet accord permettait le stationnement de plus d’un millier de soldats américains dans le pays. Plus particulièrement sur la base aérienne d’Agadez, lucarne sur le Sahel et le Sahara, où les États-Unis disposent de deux avions de renseignement électromagnétique, de deux hélicoptères de transport et d’une dizaine de drones tueurs, des MQ-9 Reaper. Ces drones jouissent d’un rayon d’action de 1 850 km. Ils sont armés de bombes guidées, de missiles air-sol et de missiles air-air. En d’autres termes, ils peuvent attaquer des cibles au sol et des cibles aériennes. Les États-Unis avaient cru pouvoir échapper au durcissement de la position du Niger contre l’Occident à la suite du putsch militaire du 26 juillet 2023. Quand la France, la première, avait dû dégager ses derniers soldats fin décembre, peut-être certains Américains s’en étaient-ils même réjouis puisque leur armée restait seule présente.  

Sanction financière

Pour ne pas blesser les nouveaux maîtres de Niamey, on avait même vu la diplomatie de Washington d’abord rechigner à qualifier de coup d’État le putsch des militaires nigériens. Jusqu’à ce que, le 10 octobre, elle l’admette et suspende la plus grosse partie des programmes d’aide au Niger, dont l’aide militaire de 500 millions de dollars. Alors, sous le coup de cette sanction financière, et avec une mauvaise foi éclatante, le gouvernement du général Abdurahamane Tiani prétend que la présence américaine au Niger est « illégale » et « viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques ». De la pure dialectique subsaharienne. Outre le camouflet, pour la première puissance militaire mondiale, l’exclusion du Niger est aussi une perte tactique. D’abord parce qu’elle voit disparaître un observatoire important sur la Libye et le Sahel, tous deux travaillés par les réseaux islamistes radicaux. Mais aussi un poste de guet sur l’Algérie, plus grosse puissance militaire de la région, alliée de la Russie et, faut-il le rappeler, elle-même manipulatrice de l’Aqmi (la branche d’Al-Qaïda au Maghreb). Les Américains, comme les Français, n’ont pas complètement tort quand ils attribuent l’effondrement de…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Alain Chevalérias 

Ce contenu pourrait vous intéresser

International

Offensive israélienne au Liban

Décryptage | Le 23 septembre, le Liban était la cible d'offensives israéliennes, en raison du soutien du Hezbollah à la Palestine. Dans la soirée, elle revendiquait des tirs contre « environ 1 600 cibles terroristes dans le sud du Liban et dans la vallée de la Bekaa ». Le déferlement de bombes remontait jusqu’à la banlieue sud de Beyrouth, là où le Hezbollah vit en immersion parmi la population chiite. En 24 heures, on comptait un total de 492 morts, dont 35 enfants, et plus de 1 600 blessés. 

+

liban israël
International

Turquie et BRICS : chantage ou subtile manœuvre ?

Décryptage d'Alain Chevalérias | Le 3 septembre, le porte-parole du parti au pouvoir en Turquie, l’AKP, confirmait la demande de son pays d’intégrer les BRICS, une organisation qui, entre autres, associe la Russie et la Chine. À l’ouest, on tremble dans ses bottes tant l’on attribue d’importance stratégique à cet héritier de l’Empire ottoman devenu partenaire de l’Otan. Mais que cache cette nouvelle offensive turque ?

+

Brics Turquie
International

Le Liban otage du conflit israélo-iranien

Décryptage | Le 25 août, Israël a visé le sud du Liban dans le but de prévenir une attaque aérienne du Hezbollah. Une attaque qui fait suite à l'exécution par Israël d’Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas venus à Téhéran pour y négocier un cessez-le-feu.

+

liban
International

L’Iran : un preneur d’otages non déclaré

Le jeudi 13 juin, le Français Louis Arnaud était libéré des prisons iraniennes et rentrait en France. Son nom ne dit pas grand-chose au public. Touriste de passage en terre perse, il était pourtant détenu depuis deux ans par le régime iranien, arrêté avec des compagnons de voyage européens sous le prétexte qu’ils auraient participé à des manifestations de l’opposition locale.

+

iran otage
International

L’Afrique du Sud entre passion et raison

Les élections générales en Afrique du Sud avaient lieu fin mai. L'African National Congress, parti historique de Nelson Mandela et au pouvoir depuis 1994, reste premier, mais avec seulement 40 % des voix. Le deuxième parti est dirigé par un Blanc, et le troisième par Jacob Zuma, ancien président du pays.

+

Afrique du Sud