Le 16 mars dernier, le Niger a décidé d’annuler l’accord de coopération militaire passé avec les États-Unis, mettant fin à douze ans de présence américaine dans le pays, après le départ des Français fin 2023.
Le coup est dur pour les États-Unis : le 16 mars, la junte au pouvoir au Niger a annulé l’accord de coopération militaire passé il y a douze ans entre Niamey et Washington. Cet accord permettait le stationnement de plus d’un millier de soldats américains dans le pays. Plus particulièrement sur la base aérienne d’Agadez, lucarne sur le Sahel et le Sahara, où les États-Unis disposent de deux avions de renseignement électromagnétique, de deux hélicoptères de transport et d’une dizaine de drones tueurs, des MQ-9 Reaper. Ces drones jouissent d’un rayon d’action de 1 850 km. Ils sont armés de bombes guidées, de missiles air-sol et de missiles air-air. En d’autres termes, ils peuvent attaquer des cibles au sol et des cibles aériennes. Les États-Unis avaient cru pouvoir échapper au durcissement de la position du Niger contre l’Occident à la suite du putsch militaire du 26 juillet 2023. Quand la France, la première, avait dû dégager ses derniers soldats fin décembre, peut-être certains Américains s’en étaient-ils même réjouis puisque leur armée restait seule présente.
Sanction financière
Pour ne pas blesser les nouveaux maîtres de Niamey, on avait même vu la diplomatie de Washington d’abord rechigner à qualifier de coup d’État le putsch des militaires nigériens. Jusqu’à ce que, le 10 octobre, elle l’admette et suspende la plus grosse partie des programmes d’aide au Niger, dont l’aide militaire de 500 millions de dollars. Alors, sous le coup de cette sanction financière, et avec une mauvaise foi éclatante, le gouvernement du général Abdurahamane Tiani prétend que la présence américaine au Niger est « illégale » et « viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques ». De la pure dialectique subsaharienne. Outre le camouflet, pour la première puissance militaire mondiale, l’exclusion du Niger est aussi une perte tactique. D’abord parce qu’elle voit disparaître un observatoire important sur la Libye et le Sahel, tous deux travaillés par les réseaux islamistes radicaux. Mais aussi un poste de guet sur l’Algérie, plus grosse puissance militaire de la région, alliée de la Russie et, faut-il le rappeler, elle-même manipulatrice de l’Aqmi (la branche d’Al-Qaïda au Maghreb). Les Américains, comme les Français, n’ont pas complètement tort quand ils attribuent l’effondrement de…