L’attentat meurtrier de Vienne était-il prévisible ? La réponse est oui. La police slovaque avait, en effet, alerté dès juillet son homologue autrichien de la volonté de l’assaillant d’acheter des munitions d’AK-47, comme l’indique un article du Monde (5 novembre 2020). Lequel assaillant était fiché depuis l’âge de 16 ans comme musulman radicalisé. La question qui se pose est bien celle de savoir si les pays européens sont vraiment conscients du danger et s’ils sont vraiment prêts à se battre.
C’est un document accablant pour les services de renseignement autrichiens qui ont été incapables d’empêcher le terroriste Kujtim Fejzulai d’abattre quatre personnes, lundi? 2 novembre à Vienne. Révélé mercredi par le numéro 2 de l’extrême droite autrichienne et ancien ministre de l’intérieur, Herbert Kickl, qui bénéficie visiblement toujours d’informateurs au sein de la police, il retrace comment la police slovaque a alerté, dès le 23 juillet, ses homologues autrichiens que l’assaillant avait essayé d’acheter deux jours plus tôt des munitions d’AK-47 dans un magasin d’armement de Bratislava, à moins d’une heure de route de Vienne, où il habitait. Le jeune Austro-Macédonien de 20 ans venait tout juste de sortir de sa période probatoire après une condamnation à vingt-deux mois de prison pour avoir essayé de rejoindre la Syrie. « Des poursuites ont déjà été engagées contre lui en raison de sa radicalisation. C’est un intégriste et il est favorable aux idées du djihad et de l’Etat islamique », rapporte la police slovaque dans ce document daté du mois d’octobre, après des échanges avec la police autrichienne. La police slovaque donne la plaque d’immatriculation du véhicule – appartenant à sa mère – à bord duquel Kujtim Fejzulai est arrivé au magasin, qui a refusé de lui vendre les munitions, faute de permis. Qu’ont fait, de leur côté, les autorités autrichiennes de ce signalement ? « Il y a eu un raté dans les échanges d’informations », a dû convenir mercredi l’actuel ministre de l’intérieur, le conservateur Karl Nehammer, en annonçant le lancement d’une « commission d’enquête ». (…) Kujtim Fejzulai avait en effet été repéré dès ses 16 ans, en 2016, pour avoir fréquenté une mosquée radicale de Vienne et entretenait des relations avec des islamistes jusqu’en Suisse. Seize personnes de son entourage ont été arrêtées après l’attentat, dont deux dans la ville suisse de Winterthour. En 2018, il avait d’abord essayé de rejoindre l’Afghanistan, puis la Syrie, avant d’être renvoyé par les autorités turques et condamné en Autriche, en avril 2019.