De l’importance du vocabulaire qui révèle beaucoup des concepts que l’on transporte avec soi. Dans Marianne (du 27 mars au 2 avril), le philosophe Dany-Robert Dufour décortique la récente expression macronienne : « faire nation » :
Le 6 mars 2020, le président Macron, de sortie au théâtre avec son épouse, déclare : « La vie continue. Il n’y a aucune raison, mis à part pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de sortie. » Pourtant, le 12 mars, il annonce des mesures inédites de restriction de sortie « pour [nous] protéger contre le virus » et il enchaîne par cette formule : « Je compte sur vous toutes et tous pour faire nation au fond. » Il aurait dit : « J’en appelle à la nation », il aurait été dans son rôle. Mais « faire nation », comme on dit « faire l’acteur » ou « faire comme si », apparaît comme un aveu : il admet que la Nation n’existe plus. Certes, « au fond », comme il dit, c’est-à-dire tout bien réfléchi, il faudrait la reconstruire. Mais avec lui comme garant, cela risque d’être difficile, car il a largement contribué à la destruction de ladite nation depuis le début de son mandat. (…) On a beaucoup moqué la gestion soviétique effectivement terrifiante de Tchernobyl. On a beaucoup critiqué la gestion chinoise effectivement antidémocratique du Covid-19. Mais il va falloir que le néolibéralisme destructeur des services publics rende des comptes sur ce naufrage, sans se cacher derrière une Nation qu’il a défaite et fracturée. Macron le sait. D’ailleurs, là, il prévoit. N’est-ce pas parce qu’il tente déjà de déminer la colère d’une nation rassemblée contre lui et les siens qu’il avance qu’« il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché » ?
Le site Graphiline, « le quotidien des Arts graphiques » (27 mars), donne des nouvelles sur le front des emballages de produits alimentaires et pharmaceutiques :
Les 10 plus grandes associations professionnelles du secteur de l’emballage sont sur le pied de guerre. Ensemble, elles demandent la mise en place de mesures afin de protéger la chaîne de fabrication et de logistique des emballages alimentaires et pharmaceutiques.
D’une seule voix, elles soulignent que la production d’emballages est essentielle pour sécuriser et transporter les produits alimentaires et pharmaceutiques vitaux à travers l’Europe dans le contexte de l’épidémie de covid-19 actuelle. « La sécurisation de l’approvisionnement de la population en produits alimentaires et pharmaceutiques est importante pour le système et l’emballage en fait partie intégrante. » (…) Les associations demandent que la sécurité de l’approvisionnement et du transport des emballages pour les produits alimentaires et pharmaceutiques y compris leur chaîne d’approvisionnement et les matières premières et leurs produits intermédiaires (papier, carton, métaux, substrats plastiques, adhésifs, encres et vernis d’impression) soit garantie. (…) Enfin, elles demandent de lutter contre les pénuries et les augmentations de prix des matières premières. Elles exigent instamment que les emballages et les composants nécessaires à la fabrication des produits alimentaires et pharmaceutiques soient classés composants et produits essentiels dans le cadre des mesures visant à contenir cette pandémie de coronavirus.
Epidémie ou pas, Le Monde (2 avril) continue sa chasse aux « europhobes » (sic). Le quotidien vient d’en dénicher en Italie :
Mardi 31 mars, en fin de matinée, dans toute l’Italie, les drapeaux italiens ont été mis en berne en signe d’unité nationale et de deuil, alors que le bilan de l’épidémie ne cesse de s’alourdir, dépassant désormais les 12 000 victimes pour plus de 100 000 cas officiellement constatés. Après un peu plus de trois semaines de confinement, les effets des mesures de distanciation sociale commencent à se faire sentir, et la propagation du virus semble en passe de vraiment ralentir, au prix d’efforts surhumains et grâce à la mobilisation des populations, qui respectent les consignes du gouvernement avec un sens civique indiscutable. Comme un écho à ce rare moment d’unité nationale, dans toutes les villes d’Italie, les drapeaux tricolores se sont mis à fleurir aux fenêtres et aux balcons des immeubles. Ce phénomène s’accompagne d’un autre, beaucoup plus diffus mais amplement relayé sur les réseaux sociaux par les sympathisants d’extrême droite et certains comptes liés au Mouvement 5 étoiles (antisystème) : dans plusieurs villes, surtout du nord du pays, des élus locaux se font filmer en train de décrocher les bannières européennes, en signe de protestation contre ce qu’ils considèrent comme l’absence de solidarité de l’Europe envers eux.