Samedi (9 janvier) dans le Figaro, Mathieu Bock-Côté donnait une première analyse des événements américains et de ce qu’est réellement cette prise du Capitole qui aura servi à accélérer finalement le retour du système démocrate.
C’était la dernière scène d’une présidence ubuesque. Des partisans de Donald Trump, convaincus de s’être fait voler l’élection présidentielle de novembre dernier, ont pris d’assaut le Capitole, persuadés de mener une charge héroïque au cœur de la capitale américaine contre l’oligarchie, au nom du peuple qu’ils croyaient incarner. C’était aussi une scène du vieux monde, comme si la révolution, aujourd’hui, se faisait encore en lançant l’assaut contre le Parlement, au sommet duquel il suffirait de planter son drapeau pour d’un coup dominer un pays, et non pas en contrôlant les Gafam et ce qu’ils représentent. (…) Évitons toute exagération : mercredi, à Washington, ce n’était pas jour de révolution mais de carnaval violent. Toutefois, le système, qui aime se donner des sueurs froides et mettre en scène les périls qu’il peut mater pour faire une démonstration de force, transformera cette farce en insurrection fasciste avortée, et la récupérera pour conforter la présidence de Joe Biden, qui devient d’un coup le restaurateur de la démocratie américaine. La civilisation aurait maté la bête, et la présidence de Trump sera réduite à cette chute finale. Le roi fou, quatre ans plus tard, aura présenté au monde sa base militante, qui pourra la dédaigner une fois pour toutes, comme si « les déplorables » dont on parlait avaient enfin montré leur visage.