C’est le titre retenu par Guillaume Roquette pour son éditorial du Figaro Magazine (5 novembre 2021) consacré au procès des attentats du 13 novembre 2015.
Etonnant. Dans le procès des attentats du 13 novembre 2015, les accusés ont longuement été interrogés cette semaine sur leur histoire personnelle et familiale, sur leur profil psychologique… mais pas sur leur religion. Le tribunal a en effet choisi de n’aborder qu’en janvier prochain, au moment de l’examen des événements, l’islamisme dont se revendiquent les terroristes.
Cette version judiciaire du célèbre « pas d’amalgame » est révélatrice d’un déni de réalité. La justice fait comme si l’environnement religieux dans lequel évoluaient Salah Abdeslam et ses complices n’avait eu aucun impact sur leur radicalisation. Comme si tous les attentats perpétrés depuis dix ans sur le territoire français ne l’avaient pas été au nom d’Allah par des personnes imprégnées d’islam.
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Permettons-nous quelques questions en vrac : pourquoi un même mot, « djihad », désigne-t-il à la fois l’idéal de vie des musulmans et la guerre sainte contre les infidèles ? Pourquoi est-il quasiment impossible de « déradicaliser » les islamistes, qui sont convaincus d’être les seuls vrais musulmans ? Comment le régime des talibans peut-il se réclamer de l’islam le plus pur ? Pourquoi le changement de religion (l’apostasie) est-il condamné avec violence dans tant de familles musulmanes ? Pourquoi une femme enlevant son voile (face à Éric Zemmour sur CNews la semaine dernière) fait-elle aussitôt l’objet d’un torrent d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux ? Que cela plaise ou non, de nombreuses zones d’ombre empêchent encore d’affirmer que l’islam est une religion parfaitement pacifique. Rien ne sert de se mettre la tête dans le sable, cela ne fait qu’attiser les peurs.