Au quotidien-n°32 (Revue de presse du confinement)

Publié le 01 Mai 2020
Au quotidien-n°32 (Revue de presse du confinement) L'Homme Nouveau

Chaque matin, la rédaction de L’Homme Nouveau vous propose une courte revue de presse, principalement axée sur la réflexion (sans dédaigner l’information pure). Nous ne cherchons pas d’abord à faire du clic, pour nourrir des statistiques et l’auto-satisfaction. Notre démarche est plus simple et repose sur une conviction presque simpliste : « demain se prépare aujourd’hui ».

Jusqu’ici la Chine était un grand marché, une économie de marché dirigée, un devenir possible. On fermait les yeux sur le Parti communiste chinois, sur les camps de travail, sur la persécution religieuse. Et, puis, le Covid-19 est apparu, comme le constate en ouvrant les yeux un éditorialiste du Point (30 avril) :

Il n’a ni nationalité ni couleur de peau. Il est passé en novembre 2019, dans des conditions qui un jour peut-être seront éclaircies, d’un animal à un être humain. En jouant à saute-frontières, il s’est répandu en moins de six mois à travers le monde, et l’épidémie de Covid-19 avec lui. Il est devenu français, européen, américain, africain, asiatique… au moins autant que chinois. Nonobstant, il est bel et bien un virus communiste. (…) La Chine contemporaine est un monde post-orwellien où le Parti communiste contrôle toute la vie politique, économique, sociale, culturelle et médiatique. L’épidémie de Covid-19 témoigne des dommages que peut causer un modèle de gouvernance autoritaire qui ne laisse aucune place à l’initiative individuelle, à la responsabilité des citoyens, à la transparence, à la liberté d’informer. Même le masque chirurgical, que les gouvernements imposent de plus en plus à leur population, pourrait bien être une métaphore de la liberté d’expression refusée aux citoyens chinois et menaçant de l’être bientôt pour d’autres peuples.  Car sous l’impulsion de Xi Jinping qui, tel Mao ou Staline, a concentré l’essentiel du pouvoir dans ses mains, le Parti communiste chinois n’a pas seulement recours à des méthodes de contrôle social de plus en plus élaborées pour asservir sa population et réprimer les minorités. Il a aussi la volonté d’exporter son modèle, en œuvrant à construire un système international qui soit plus favorable aux régimes autoritaires et, sous couvert de « nouvelles routes de la soie », d’étendre à travers le monde son influence délétère pour les libertés.

En fait, l’éditorialiste n’a ouvert qu’un œil, confondant pouvoir totalitaire et pouvoir autoritaire, et oubliant dans sa liste comparative Lénine, avant Staline et Mao. Le virus de l’aveuglement est toujours à l’œuvre…

Dans sa chronique de La Croix (30 avril), le philosophe Martin Steffens réfléchit, lui aussi, au monde d’après :

L’après se transforme au fur et à mesure qu’il entre dans le présent. Au début de l’épidémie, il s’agissait surtout de reprendre la vie d’avant. L’après ne voulait pas trop déranger. Puis on a compris que rien ne sera tout à fait pareil. Au fur et à mesure que s’annoncent d’irréversibles faillites, l’après devient gros d’exigences nouvelles : la bougeotte humaine aujourd’hui contenue, sera-t-il possible, demain, de garder ce ciel bleu, immaculé ? De retenir les oiseaux dans nos villes ? D’inventer une économie qui ne se mesure pas seulement par la croissance ? Quand le présent révèle ses failles, l’avenir a des droits sur lui. L’après, c’est l’utopie, lieu idéal qu’on plaçait jadis dans un passé immémorial : Atlantide ensevelie ou Paradis perdu…L’avenir a beau jeu : n’étant pas encore là, on ne peut que le rêver. Et si on le cauchemarde, la faute est au présent. Le présent, lui, a bon dos : sur lui repose la responsabilité de ce qui fut mal fait et le devoir de mieux faire. C’est en lui que se décide l’après. Or il est un verbe, dont le préfixe est un adverbe, en lequel passé, présent et avenir se nouent, « promettre ». Promettre, c’est, dès à présent, se porter garant de l’avenir. C’est être librement envoyé (« missus ») au-devant (« pro ») de soi. Tenir une promesse, c’est faire mémoire de ce que l’on savait vrai quand on faisait cette promesse, afin que l’avenir en fût durablement transformé. (…) Dieu, de même, est le nom propre d’une promesse : ce monde, difficile, ne nous est pourtant pas contraire. Par la promesse, celle qu’on fait comme celle que l’on se laisse dire, l’après commence aujourd’hui.

Spécialiste des questions militaires et stratégiques, Jean-Dominique Merchet s’interroge dans L’Opinion sur l’avenir de l’armée dans une France post-Covid-19 :

Comme un mauvais augure… Dans les armées françaises, le Covid-19 aurait pu frapper n’importe où, mais le sort s’est acharné sur le symbole même de leur puissance, celui que politiques et médias affectionnent tant. Avec plus de la moitié de son équipage testé positif, le Charles-de-Gaulle a été touché de plein fouet. Militairement, ce n’est pas une catastrophe : le porte-avions a été contraint de raccourcir de quelques jours une campagne d’exercices. Mais moralement, c’est un coup dur qui annonce, sans doute, des lendemains difficiles pour la défense. Imagine-t-on, demain, la ministre des Armées signer, sans âpres discussions, le bon de commande du prochain porte-avions ? Les récentes auditions du chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, à l’Assemblée et au Sénat, témoignent de cette inquiétude sur le « jour d’après ». Tout comme celle des grands patrons de l’industrie de défense, entendus eux aussi par les parlementaires. La question est simple : la situation économique de la France lui permettra-t-elle de maintenir ses dépenses militaires au niveau promis en 2017, alors que d’autres besoins urgents s’imposent, ne seraient-ce qu’en matière de santé publique ? (…) La France entend conserver un « modèle d’armée complet », c’est-à-dire capable de tout faire, fût-ce à une échelle réduite. Quasiment seule en Europe, la France dispose à la fois d’une capacité « expéditionnaire » (l’opération Barkhane au Sahel ou le porte-avions, par exemple), d’une force de dissuasion nucléaire et de moyens pour les missions sur le territoire national comme Sentinelle (terrorisme) ou Résilience (Covid).

Cette Revue de presse ne se contente pas de proposer des informations éphémères, mais vous offre aussi de découvrir des réflexions. Elle est là pour nous inviter à réfléchir. En ce sens, elle ne perd (presque) rien de son actualité. Elle se lit et se relit.

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