Fondateur du Chœur grégorien de Paris, Louis-Marie Vigne voulut servir l’Église par le chant liturgique. Un petit livre d’entretiens récemment paru, s’il évoque l’aventure de son œuvre, explique également et présente toute la portée du chant grégorien.
C’est un très beau livre que vient de publier Xavier Accart, rédacteur en chef du magazine Prier. Un livre qui ouvre une porte sur le sacré, l’éternité et le beau, à travers l’évocation d’une vie et d’une passion. La vie, c’est celle de Louis-Marie Vigne, fondateur du Chœur grégorien de Paris (cf. L’HN n° 1759). Et, sa passion, c’est évidemment ce que le concile Vatican II a défini comme « le chant propre de la liturgie romaine » avant que la logique pastorale ne l’enterre (presque) définitivement.
La profondeur du grégorien
Très judicieusement, Xavier Accart établit à ce sujet une comparaison avec Tolkien qui s’était donné pour but de son existence d’offrir une mythologie (au sens où il l’entendait) à l’Angleterre. Pour ce faire, lui et ses compagnons entendaient « faire jaillir à nouveau une ancienne lumière en ce monde ». À lire ce petit ouvrage d’entretiens, sobrement mais justement intitulé L’Âme du grégorien, le lecteur perçoit qu’une logique similaire a, en effet, habité et guidé Louis-Marie Vigne. Né en Provence en 1953, celui-ci fut saisi par la beauté et la profondeur du chant grégorien entendu à Solesmes et il ne cessa pas, dès lors, de cultiver ce champ de la prière liturgique de l’Église à propos de laquelle dom Guéranger s’écrie dans sa préface générale à L’Année liturgique : « Heureux donc celui qui prie avec l’Église, qui associe ses vœux particuliers à ceux de cette Épouse, chérie de l’Époux et toujours exaucée ! » Organiste, latiniste, pétri par les humanités, ouvert aux autres cultures (notamment chinoise), Louise-Marie Vigne fonde avec son frère et quelques compagnons, au début des années 1970, le Chœur grégorien de Paris. Ils sont aidés par Solesmes, et notamment par le maître de chœur de l’abbaye, dom Jean Claire, ainsi que par quelques prêtres. Ils chantent la messe mais accordent aussi une place de choix à l’Office divin. Dans cette perspective, le Chœur grégorien de Paris chante l’intégralité de la Semaine sainte, d’abord à l’abbaye de Fontfroide puis à celle de La Lucerne ou à l’abbaye Blanche dans la Manche. Si ces entretiens évoquent bien évidemment Vigne et l’aventure du Chœur, ceux-ci ne constituent en fait que le…