Augusto Del Noce, un penseur pour notre temps

Publié le 21 Avr 2024
del noce

Augusto Del Noce (1910-1989).

Analyse de la déraison, qui vient de paraître en français, permettra-t-il enfin à Augusto Del Noce (1910-1989) d’être reconnu chez nous, comme il l’est en Italie ? Que le lecteur potentiel ne soit pas rebuté par la longueur de cet ouvrage. Il en sera récompensé en découvrant un des penseurs les plus originaux de ce temps.

  Né en Toscane mais piémontais, Augusto Del Noce étudie puis enseigne la philosophie à Turin, Assise, Rome et Trieste puis à nouveau à Rome, tout en donnant des conférences et collaborant avec des journaux et revues. Il ne publie que quelques livres de son vivant mais on en compte aujourd’hui plus de 25, pour la plupart des recueils de conférences, études et articles, et sa pensée continue de susciter de nombreuses publications en Italie. Mais cet intellectuel de haut vol est aussi un acteur de la scène politique italienne, un sage respecté quoique peu suivi. Dans sa jeunesse, il avait puisé chez Maritain l’aspiration à réconcilier foi chrétienne et monde moderne. Très hostile au fascisme et à sa promotion de la violence, il prit part à la résistance contre lui. À la fin de la guerre, il fut un certain temps séduit par la « gauche chrétienne » voulant concilier christianisme et marxisme, mais l’étude de Marx et du communisme le convainquit de la tromperie d’un rapprochement avec la foi chrétienne. Engagé avec la Démocratie chrétienne, il prit de plus en plus position dans le débat public (2), proche de « Communione e Liberazione », poursuivant parallèlement ses travaux de fond. En 1984, au sortir des « années de plomb » du terrorisme des extrêmes gauche et droite, il devint sénateur de la République italienne. Il est mort en 1989.   

Une œuvre imposante 

Les travaux de Del Noce couvrent un nombre important de domaines. Il est un des maîtres de la philosophie et de l’histoire des idées, avec Arthur Lovejoy (1873-1962) ou Eric Voegelin (1901-1985). Lui-même considérait vers la fin de sa vie que les deux axes de sa réflexion avaient été complémentaires : d’une part la compréhension philosophique du monde actuel, de l’autre la critique du développement de l’esprit rationaliste laïque et scientiste. Il établit des liens entre les penseurs, les idées et les conséquences de celles-ci dans l’évolution des sociétés. Il apporte en tous ces domaines des contributions à la fois dignes d’intérêt (qu’on soit ou non d’accord avec lui)…

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Didier Rance

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