Tribune libre

Les exigences d’un combat de civilisation

 

Nous publions ci-dessous le texte de la Tribune libre de Joël Hautebert, professeur agrégé des facultés de droit, parue dans le dernier numéro deL'Homme Nouveau.

À l'instar de quelques revendications récentes, les débats législatifs actuels ont pour effet malheureux de brouiller la lisibilité du combat. L'institution défendue perd de sa consistance car domine le sentiment que les arguments avancés se heurtent à l'obstacle infranchissable d'un corpus politico-juridique relativiste, de fait accrédité comme norme juridique supérieure. On voit ainsi resurgir une incapacité chronique à dépasser le positivisme ambiant, un comportement schizophrène qui consiste, d'un côté, à tenir un discours de grande qualité sur ce qu'est le mariage et, de l'autre, à s'imposer une forme d'autolimitation, parce qu'on se refuse à tirer les conséquences juridiques concrètes du caractère absolu et universel de l'institution défendue, ce qui revient à rejeter le droit naturel dans la seule catégorie sympathique et peu dérangeante des énoncés intellectuels.

Alors que le garde des Sceaux a d'emblée précisé l'enjeu de son projet, une « réforme de civilisation », nous assistons à la défense de ladite civilisation à coups d'amendements, tandis que seules quelques voix s'élèvent pour affirmer que ce texte, s'il est voté, ne sera rien d'autre qu'une « corruption de la loi », une « loi transgressive »(Mgr Rey), justifiant la « résistance civique ». Le mariage, union d'un homme et d'une femme, est un « invariant humain »(Mgr Barbarin), par conséquent au-dessus des lois et des principes de la République, comme de tout régime politique.Et quoi qu’en pense le président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, les représentants de la nation n’ont aucune compétence pour définir le cadre naturel...

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