Benoît XVI : le réalisme de la foi

Publié le 09 Jan 2012
 Benoît XVI : le réalisme de la foi L'Homme Nouveau

Peut-être plus qu’aucun autre avant lui, Benoît XVI a les yeux irrémédiablement fixés sur l’avenir. L’avenir de l’Église et l’avenir du monde. Ce Pape, que l’on a décrit avec facilité comme un passéiste, sous le prétexte fallacieux qu’il était soucieux de préserver le dépôt de la foi, ne cesse de poser des actes qui préparent le futur. Ce Pape, que l’on a dépeint avec une rare complaisance, teintée d’ignorance, de « pessimiste » sous prétexte qu’il est augustinien – mais qui a lu saint Augustin parmi ses critiques ? – garde le regard projeté en avant.

À vrai dire, Benoît XVI n’est ni « pessimiste » ni « optimiste ». Ces termes qui dépeignent des tempéraments ne lui conviennent pas, même s’il peut à l’occasion se révéler l’un ou l’autre. La force de Benoît XVI, dans la modestie de sa démarche, dans le déroulement de son pontificat plus surprenant qu’il n’y paraît, réside dans son enracinement dans la foi et dans le fait de se placer résolument dans la perspective de l’espérance chrétienne.

« La foi

, nous rappelle le 

Compendium de l’Église catholique, (…) est la vertu surnaturelle nécessaire pour être sauvé. L’acte de foi est un acte humain, c’est-à-dire un acte de l’intelligence de l’homme qui, sous la motion de la volonté mue par Dieu, donne librement son adhésion à la vérité divine. 

» (n. 28. Cf. aussi n. 386). Le même 

Compendium

 nous offre aussi cette définition de l’espérance : « 

L’espérance est la vertu théologale par laquelle nous désirons et attendons de Dieu la vie éternelle comme notre bonheur, mettant notre confiance dans les promesses du Christ et comptant sur l’appui de la grâce du Saint-Esprit pour mériter la vie éternelle et pour persévérer jusqu’à la fin de notre vie sur la terre 

» (n. 387).

Dans la démarche de Benoît XVI, s’il entre évidemment une part de prudence humaine, propre à tout bon gouvernant (cf. saint Thomas d’Aquin), le socle de celle-ci est pourtant cette vision surnaturelle en vue du salut (« la foi est nécessaire pour être sauvé 

» enseigne le 

Compendium, 

ce qui implique,

 

faut-il insister à notre tour, qu’il y a une nécessité du salut) et ce désir de Dieu et de sa contemplation dans l’Éternité, qui caractérise l’espérance chrétienne, qui n’est surtout pas cette crainte païenne qui voudrait que tout s’arrange et aille pour le mieux. Notre espérance, c’est Dieu lui-même et Dieu dans la vie éternelle.

Est-ce trop exagéré de dire que deux décisions récentes du Saint-Père sont à recevoir dans cette perspective générale de foi et d’espérance, lesquelles ne vont jamais sans la charité ?

Je ne le crois pas. Ainsi, le Pape vient d’annoncer la création de 22 nouveaux cardinaux lors du prochain consistoire qui se tiendra le 18 février prochain. Désormais, le collège cardinalice compte une majorité d’électeurs nommés par Benoît XVI, qui imprime ainsi sa marque pour le futur de l’Église. Dans La Croix 

de ce 9 janvier, Isabelle de Gaulmyn estime que la forte majorité d’Italiens présents parmi les nouveaux cardinaux indiquerait un rétrécissement de la « 

catholicité

 » (au sens d’universalité) de l’Église au profit de la « 

romanité

 » et au détriment de la diversité. Une manière de voir toute « humaine » qui gomme cette vision de foi si caractéristique de Benoît XVI laquelle s’accompagne d’ailleurs d’un véritable réalisme. En nommant en priorité les responsables de dicastère, Benoît XVI offre à l’Église de demain les responsables du fonctionnement de l’Église d’aujourd’hui qui seront à même de faire face aux dossiers dans l’avenir.

Cette perspective du « réalisme de la foi » se trouve d’ailleurs confirmée par l’annonce qui a été faite des différents points touchant à l’organisation de l’Année de la foi, proclamée par le Saint-Père d’octobre 2012 à novembre 2013.

Dans la Lettre Porta Fidei

, par laquelle il proclamait une Année de foi, le Saint-Père soulignait : « 

Nous ne pouvons accepter que le sel devienne insipide et que la lumière soit tenue cachée ».

 Il liait d’ailleurs cette Année de foi au concile Vatican II dont nous fêtons cette année le cinquantenaire, mais en attirant fortement l’attention sur la « 

juste herméneutique 

» nécessaire à la compréhension et à l’utilisation des textes conciliaires. Herméneutique que les hommes qui ont fait et appliqué le Concile n’ont, semble-t-il, pas perçue (ou pas complètement), si l’on regarde l’insistance de Benoît XVI sur sa nécessité.

C’est pourquoi, il semble nécessaire de relier cette exigence à un récent discours de Benoît XVI lorsqu’il a présenté ses vœux à la Curie : « Le centre de la crise de l’Église en Europe est la crise de la foi. Si nous ne trouvons pas une réponse à celle-ci, si la foi ne retrouve pas une nouvelle vitalité, en devenant une conviction profonde et une force réelle grâce à la rencontre de Jésus-Christ, toutes les autres réformes resteront inefficaces. 

» (Texte disponible dans le prochain numéro de 

L’Homme Nouveau

, à paraître cette semaine).

On trouve dans cette phrase la véritable perspective de l’action de Benoît XVI, laquelle repose sur le réalisme de la foi qui l’habite décidément. 

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