Bonne année à tous ceux qui pensent que nous nous tairons

Publié le 14 Jan 2019
Bonne année à tous ceux qui pensent que nous nous tairons L'Homme Nouveau

Regardons les choses en face : adresser ses bons vœux, souhaiter une bonne année alors que 2019 verra très probablement la révision des lois de bioéthique relève de la pire des hypocrisies, de la plus coupable ignorance ou de la plus joyeuse des espérances. 

Bonne année, oui…

Bonne année à tous les embryons qui seront congelés et décongelés comme un méchant plat Picard au gré des projets parentaux.

Bonne année à tous ces embryons que l’on respecte moins que des rats de laboratoire et qui seront détruits au nom de la recherche.

Bonne année à toutes les mères porteuses qui louent leur utérus, qu’elles soient consentantes et convaincues d’agir par altruisme, ou forcées parce qu’elles ne voient pas d’autres moyens d’échapper à la misère.

Bonne année à tous les enfants à qui l’on expliquera qu’ils ont deux mamans, ou plutôt deux mamans d’intention dont l’une est aussi biologique mais un père biologique qui n’est pas d’intention, et qui n’est d’ailleurs rien du tout de plus qu’un fournisseur en gamètes mâles.

Bonne année à tous les médecins, toutes les infirmières, toutes les sages-femmes qui subiront pression, mépris ou intimidation parce qu’ils refuseront de tuer un enfant dans le sein de sa mère.

Faut-il allonger encore la liste ?

Bonne année quand même

Bonne année quand même, et ce ne sont pas de vains mots, parce que le mal et l’indignité ne sont pas une fatalité. Ce ne sont pas des vains mots, non, et, plus encore, que cette année ne soit pas celle des mots vains et mensongers. Car si nous doutons parfois de notre capacité à agir face à un système politique et médiatique extrêmement puissant, il y a bien une chose que nous pouvons faire : traquer ces mots et expressions retorses, traquer ces chevaux de Troie sémantiques, ces Judas du verbe qui permettent à n’importe quelle aberration morale de passer pour une formidable avancée de l’humanité.

Elles sont légions, ces expressions mensongères, avec l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en tête. On sait le pouvoir des acronymes et il n’est rien qui soit à la fois aussi neutre et professionnel, lisse et moderne qu’une série de majuscules balancées avec assurance. IVG, ça en jette, on en oublierait presque qu’il s’agit de supprimer une vie. Ses partisans le savent bien, d’ailleurs, et détestent que l’on parle d’avortement. Alors, s’il faut parler d’interruption volontaire de grossesse, c’est d’accord, mais nous le ferons à bon escient. Au sens strict, interrompre – pour éventuellement la reprendre après – une grossesse, c’est ce que font les parents qui recourent à la procréation médicalement assistée (PMA) et font produire un certain nombre d’embryons dont certains sont inséminés dans l’utérus de la mère et d’autres congelés en attente d’un éventuel projet parental. Un peu comme on dirait à une tante ou un collègue à table ou en réunion qu’on l’interrompt parce que l’on a quelque chose d’important à dire, l’IVG – au sens strict –, c’est dire à l’embryon que l’on est désolé mais que tout minuscule tas de cellules qu’il est, il n’a pas grand-chose à dire et qu’on l’interrompt quelques mois ou quelques années – sauf son respect, merci beaucoup – parce qu’on a plus important, non pas seulement à dire, mais à vivre. 

Voilà, nous pouvons dire, chacun à notre place, en ayant à cœur de ne pas céder aux entourloupes sémantiques, nous pouvons affirmer envers et contre tout, la valeur inestimable de la vie humaine. 

Et c’est justement parce qu’il faut le dire que j’ai accepté cette année d’être porte-parole de la Marche pour la Vie, qui aura lieu le 20 janvier à Paris. Cette mission fait évidemment largement écho à ce que L’Homme Nouveau a toujours défendu. Elle est une façon différente et complé­mentaire de défendre la vie, comme j’ai toujours cherché à le faire en traitant les sujets de bioéthique dans ces colonnes. Je n’ai jamais cru qu’un journaliste puisse être neutre, il doit en revanche être honnête dans sa recherche de la vérité… Et la Marche pour la Vie a justement ce courage de cette vérité puisqu’elle ose, aujourd’hui encore et malgré une terrible pression médiatique et politique, dire qu’une civilisation ne peut considérer les plus faibles des siens comme une variable d’ajustements des désirs des plus forts, des plus riches ou des bien-portants. 

Alors bonne année à tous ceux qui pensent que nous nous lasserons, bonne année à tous ceux qui pensent que nous nous tairons… Ils ne vont pas être déçus !

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneÉditorial

Notre quinzaine : Quand on n’a que l’amour

Éditorial du Père Danziec | Notre monde est-il plus violent qu’autrefois ? Prenons garde de répondre trop vite par l’affirmative. Le refrain qui consiste à dire, en tout et nécessairement, « c’était mieux avant » mériterait certainement nuance et contextualisation. Face aux déchaînements de violence propres à l’atmosphère postchrétienne, il s’agit – plus que jamais – de devenir lumière dans les ténèbres. Comment cela ? En prenant la résolution vigoureuse d’accueillir en nous l’amour de Dieu.

+

amour
Éditorial

Notre quinzaine : L’espérance peut-elle être politique ?

Le Christ, notre véritable espérance, est ressuscité. Alléluia ! Nous venons à nouveau de proclamer cette bonne nouvelle qui n’est pas seulement celle d’un jour et d’une fête, fût-elle la plus grande du calendrier chrétien, mais celle qui rejaillit et irrigue constamment notre vie. Nous ne pouvons pas perdre de vue la finalité ultime d’un vrai combat politique qui est le règne du Christ sur les personnes, les familles et la société. Ne perdons pas courage ! Le but est lointain mais nous devons œuvrer à son avènement car notre espérance se fonde sur le Christ, mort et ressuscité.

+

espérance
ÉditorialDoctrine socialeLettre Reconstruire

Avortement : il est urgent de remonter à la source

Lettre Reconstruire n°34 – Edito | Le lundi 4 mars, le droit à l’avortement est officiellement entré dans la Constitution de la République française. Votée en 1975 comme une dépénalisation et une exception, la loi libéralisant l’avortement s’est muée au fil du temps en un véritable droit positif dont la remise en cause s’est vue de plus en plus entravée. Sans aucun doute, cette défaite pour la vie et pour le militantisme anti-avortement aura des conséquences dans les mois ou les années à venir. Un examen de conscience et une remise en cause des méthodes employées et de la doctrine sur laquelle se fonde ce combat sont nécessaires.

+

constitutionnalisation avortement
ÉditorialBioéthique

Notre quinzaine : La vérité, à temps et à contretemps

Édito du Père Danziec | Dans sa fameuse lettre Que dire à un jeune de vingt ans, Hélie de Saint Marc suggère à son jeune lecteur de « ne pas s’installer dans sa vérité et de vouloir l’asséner comme une certitude »mais lui conseille plutôt de « savoir l’offrir en tremblant comme un mystère ». Permettez-moi, à l’occasion de cet éditorial, de me plier à une rapide étude de la citation d’Hélie de Saint Marc en tentant de l’appliquer au drame de la constitutionnalisation de l’avortement qui fait la couverture de ce numéro.

+

vérité
ÉditorialCarême

Notre quinzaine : La gratuité ou l’amour à l’état pur

Edito du Père Danziec | La correspondance de dates entre la Saint-Valentin le 14 février et le mercredi des Cendres permet de lever le voile sur l’un des défis majeurs de notre époque. Disons-le sans détours : notre monde crève de dureté, de froideur, d’inclémence et d’impiété. Nos contemporains suffoquent chaque jour un peu plus de manque d’amour. Et pourquoi donc ? Parce qu’il réside au fond du cœur de l’homme un immense besoin d’amour. Parce qu’à l’image de Dieu, d’un Dieu qui est amour, l’homme est constitutivement fait pour l’amour.

+

carême amour gratuité