C’est à qui pourra faciliter l’accès à l’avortement le plus tôt possible… Le Parlement a adopté le projet de loi sur la consommation le 13 février dernier. Le Conseil constitutionnel doit désormais trancher et s’il rend un avis favorable, les tests de grossesse pourront être vendus dans les grandes surfaces et non plus seulement en pharmacie, pourvu qu’ils soient dotés d’une notice d’information détaillée. Pour l’Académie de pharmacie, cette décision porte préjudice aux femmes, notamment jeunes ou en situation précaire. Les conseils du pharmacien leur permettent de ne pas faire d’erreur dans l’interprétation du test, qui, fait trop tôt, peut donner un résultat erroné. Les conseils dispensés en plus de la notice du test doivent donc permettre aux femmes d’être au courant plus tôt de la grossesse et d’éviter ainsi un avortement tardif, « beaucoup plus lourd psychologiquement et coûteux ». L’Académie parle également de « période d’incertitude » pour toutes les personnes qui font ce test et estime donc que ce type de produits de santé ne doit pas être vendu en dehors des pharmacies.
Un projet socialiste
La majorité socialiste, favorable à ce projet de loi soutenu notamment par le ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem et le ministre de la famille Dominique Bertinotti, estime quant à elle que c’est justement la libéralisation de la mise en vente en grande surface des tests de grossesse qui serait une avancée pour les femmes. Elle invoque en particulier l’anonymat de l’achat et la baisse du prix des tests en question. Le ministère des Droits des femmes estime en outre que ce que l’Académie de pharmacie considère comme une « banalisation » du test permet en réalité la responsabilisation des femmes et la maîtrise de leur propre corps.
Un affrontement, donc, entre les pharmacies et la grande distribution pour savoir qui donnera aux femmes les conditions optimales pour avorter vite et bien. C’est l’avortement pour tous, pour les jeunes et pour les pauvres. Le vocabulaire employé par les forces en présence est significatif : il fait de la grossesse une période d’incertitude et nulle part n’est fait mention de la joie des parents qui apprennent qu’ils attendent un enfant. Que l’on ne s’y trompe pas, les notices améliorées que le gouvernement veut vendre avec les tests de grossesse seront avant tout un petit précis d’accès à l’IVG. Najat Vallaud-Belkacem avait déjà fait part de ses volontés en septembre dernier, lorsque le projet de loi de vente des tests dans les grandes surfaces avait vu le jour. C’était à l’époque où le même ministre avait lancé son offensive contre les sites internet pro-vie, trop nombreux et trop bien référencés à son goût. Des précisions sur l’avortement dans les notices des tests devaient constituer une part de la réponse aux militants anti-avortement…
Entretenir l’ignorance
Ainsi donc, la priorité du gouvernement comme de l’Académie de pharmacie n’est pas tant d’accompagnemer les femmes dans l’accueil de leur enfant que de les prévenir des avortements tardifs parce qu’ils sont traumatisants et coûteux. Sans s’attarder plus longtemps sur les causes profondes du syndrome post-abortif, ceux qui travaillent à « libérer la femme », ont trouvé la solution à leur problème : l’avortement le plus tôt possible, tant que l’enfant n’est pas suffisamment développé pour que les femmes prennent pleinement conscience qu’elles portent en elles une personne. S’entretenir délibérément dans l’ignorance pour ne pas avoir à affronter un problème, c’est ce que l’on appelle communément la politique de l’autruche… Laquelle est aux antipodes de la « responsabilisation » pourtant appelée de ses vœux par Najat Vallaud-Belkacem.