Milton 3/3 : Christianisme et littérature dans l’Angleterre des Stuarts

Publié le 17 Nov 2022
angleterre

Le contexte politique et religieux troublé de l’Angleterre du XVIIe siècle a été le creuset de controverses spirituelles ardentes entre protestants de différentes obédiences et catholiques. Il suscita donc de remarquables œuvres littéraires inspirées par la foi chrétienne et restées des classiques de la culture anglo-saxonne.   Le XVIIe siècle fut une période particulièrement florissante pour la littérature anglaise, entre l’ère élisabéthaine, illustrée par les grands dramaturges Shakespeare et Marlowe, et la prodigieuse fécondité littéraire du XVIIIe siècle. Les grands changements politiques du temps (guerre civile de 1642-1651, dictature cromwellienne de 1649-1660, Glorieuse Révolution de 1689) eurent un impact idéologique décisif sur la production littéraire. La question religieuse occupa aussi une place importante, le vieil antagonisme entre catholiques et anglicans étant doublé par des débats politico-spirituels entre les différentes tendances du protestantisme apparues en Angleterre. Plusieurs écrivains marquants de la période accordèrent une place importante à la spiritualité chrétienne au sens large, signe d’une continuité de la prégnance de la foi dans le monde culturel d’outre-Manche. Il convient de passer en revue certaines figures majeures de ce grand siècle de la littérature anglaise. John Milton, le Dante d’Albion C’est au soir de sa vie que John Milton (1608-1674), polémiste acquis à la cause parlementaire au temps de la guerre civile, se lança dans une écriture spirituelle empruntant le ton de l’épopée. Touché par la pauvreté et par la cécité, marginalisé au lendemain de la restauration des Stuarts, il fit l’expérience d’une profonde conversion intérieure. En 1667 parut le Paradis perdu, suivi, en 1671, du Paradis retrouvé. La Bible constitua le fondement de ces poèmes épiques, en particulier la Genèse, qui inspira sa réflexion sur la Création du monde et de l’homme, la chute de Lucifer, le Péché originel et ses conséquences, l’annonce de la Rédemption, et les aspects théologiques qui y sont liés. Le Paradis perdu propose un tableau à la fois effrayant, celui du chaos infernal, et ravissant, celui du monde angélique du ciel (1). L’épopée miltonienne rompait avec les sources d’inspiration de l’épopée classique (Homère, Le Tasse, L’Arioste) : il se rapprochait du seul Dante, en qualité de « poète créateur » (2). Le Paradis retrouvé, moins connu, plonge le lecteur dans le Nouveau Testament, en mettant en scène le ministère public du Christ et les tentations de Satan. Les deux ouvrages sont complémentaires et insistent sur la question épineuse des rapports entre la liberté humaine et le salut…

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Armand Dumesniel +

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