Ce 23 septembre aura lieu, pour la deuxième année consécutive, le colloque intitulé « Quel avenir pour la messe traditionnelle ? » organisé par Renaissance Catholique et trois autres associations. Entretien avec Jean-Pierre Maugendre, Président de l’association Renaissance Catholique et organisateur du colloque.
Le 24 septembre 2022, vous avez organisé un premier colloque, intitulé : « Quel avenir pour la messe traditionnelle ? ». Quel était votre projet ?
Le 16 juillet 2021, le pape François publiait le motu proprio Traditionis Custodes dans lequel il manifestait son désir de voir disparaître la célébration de la messe romaine traditionnelle. Nous avons attendu quelques mois, le temps d’observer les réactions épiscopales, ainsi que celles des cardinaux. Peu de clercs ont manifesté leur résistance. Avec quatre autres associations, Una Voce France, Oremus Paix liturgique, Lex Orandi et Notre-Dame de Chrétienté, notre association Renaissance Catholique a donc décidé d’organiser un colloque pour réunir des personnes attachées à la messe traditionnelle. Cette réunion avait pour objectif de manifester notre résistance face au Motu Proprio, et de donner les raisons intellectuelles et doctrinales de cette position. Enfin, jugeant l’arbre à ses fruits, nous souhaitions montrer les bienfaits de la messe traditionnelle.
Ce premier colloque reposait sur trois piliers : argumenter notre résistance, manifester notre détermination et permettre les rencontres entre personnes préoccupées par ces sujets. En France, et particulièrement en province, les catholiques attachés à la messe traditionnelle sont très minoritaires. Cette réunion est pour eux l’occasion de se retrouver dans un cadre moins spirituel que le pèlerinage de Pentecôte, mais plus intellectuel. Notre résistance est difficile, il faut des moments pour se retrouver, en ayant conscience que l’on mène le même combat.
Il n’y aurait pas eu Traditionis Custodes, nous n’aurions pas organisé ce colloque. Il s’agissait vraiment pour nous de répondre à ce que nous considérons comme un abus de pouvoir. Les intervenants étaient en grande majorité des laïcs, car un prêtre qui prend parti pour la messe traditionnelle peut rapidement rencontrer des problèmes dans les diocèses où il officie. Les laïcs disposent ici d’une plus grande liberté de parole. C’était aussi l’occasion pour des fidèles de s’exprimer sur la messe et la liturgie traditionnelles.
Quel bilan faites-vous de ce premier colloque ?
Cela a été un grand succès malgré des difficultés quelques semaines avant le colloque. Alors que nous avions réservé des salles de la paroisse sainte-Odile à Paris, l’archevêché a soudainement interdit notre réunion dans cette paroisse. Nous avons donc dû trouver une nouvelle salle en catastrophe, et la Maison de la Chimie, à Paris, a heureusement pu nous accueillir. À cause de cet incident, peu de gens ont pu être mis au courant de la tenue de ce colloque. Nous avons tout de même pu compter sur la présence de 500 personnes durant toute la journée. Cet événement a aussi été une réussite sur le plan intellectuel par la qualité des interventions. Au début de l’année 2023, nous avons pu publier les actes de ce colloque, en réunissant les différentes conférences dans un ouvrage qui est maintenant disponible à l’achat sur notre site et qui sera en vente lors du prochain colloque, le 23 septembre au même endroit.
Pourquoi avoir organisé un deuxième colloque sur le même sujet ?
L’objectif du premier événement était d’argumenter notre résistance, et de favoriser la rencontre entre les fidèles attachés à la messe traditionnelle. C’est dans la continuité de cette idée que nous avons décidé d’organiser une deuxième édition sur le même thème. Une nouvelle génération se lève de gens qui viennent d’un peu partout et découvrent la messe traditionnelle. Ils sont touchés par sa beauté, son sens du sacré, mais ils n’ont pas les fondements intellectuels et doctrinaux nécessaires face aux nouveautés liturgiques. Ce colloque a donc pour but de réexpliquer les raisons de notre attachement à cette messe traditionnelle, en apportant à ces personnes des éléments intellectuels pour les aider à conforter le premier mouvement, instinctif et parfois sentimental, qui a été le leur.
Nous nous y sommes pris plus tôt cette année pour la communication. Nous espérons donc qu’il y aura plus de participants qui pourront se nourrir des enseignements donnés lors de cette deuxième édition, qui se tiendra le samedi 23 septembre prochain, à la maison de la chimie, de 10h à 18h. Des stands présenteront les cinq associations organisatrices, tandis qu’une librairie proposera de très nombreux livres religieux, historiques et liturgiques.
Quels seront les différents enseignements proposés ?
Le programme de la journée est maintenant disponible sur le site de Renaissance catholique. Plusieurs types d’enseignements seront proposés. Un enseignement doctrinal d’abord, avec les conférences du père Danziec sur « La messe, acte de religion par excellence » et de Cyril Farret d’Astiès sur la réédition du Bref examen critique du nouvel ordo missae. S’ensuivra une présentation de la situation actuelle dans les diocèses, par Philippe Darantière.
Nous souhaitions également proposer un enseignement plus factuel, à travers des tables rondes et des témoignages. Un adage scolastique dit que contra factum, non fit argumentum : contre les faits, aucun argument ne tient. Ainsi, nous souhaitons donner la parole à des associations locales qui redonnent vie à des piétés populaires anciennes avec la messe traditionnelle. Et, toujours dans la volonté de juger l’arbre à ses fruits, nous laisserons des nouveaux baptisés témoigner de leur conversion grâce à la messe traditionnelle.
Vous rendrez, quant à vous, un hommage à Jean Madiran…
Effectivement. Jean Madiran a écrit un très beau livre, Une civilisation blessée au cœur, dans lequel il estime que le drame majeur de la société dans laquelle nous vivons, c’est l’abandon de la piété, cette capacité de rendre hommage à nos pères pour ce qu’ils nous ont apporté. Tandis que nous fêtons cette année les 10 ans de la mort de Jean Madiran, il nous a semblé opportun d’exercer cette vertu de piété à son égard, en hommage à ses actions importantes pour la défense de la messe traditionnelle.
Ce colloque est donc un événement pour manifester une résistance face au Motu proprio Traditionis Custodes. Pourquoi estimez-vous devoir mener un tel combat ?
La situation à laquelle nous sommes confrontés est unique dans l’Histoire de l’Église. À aucun moment, lors de développements liturgiques, le pape n’avait jamais décidé de supprimer tout ce qui avait été fait avant lui. En 1570, lors de la publication de la bulle Quo primum tempore, introduisant le missel romain, tous les rites anciens de plus de 200 ans avaient encore droit de cité. Seules les nouveautés liturgiques récentes étaient supprimées.
Aujourd’hui, c’est un héritage vieux de 2000 ans que l’on veut mettre de côté. C’est du jamais vu ! Nous souhaitons donc résister à cet abus de pouvoir afin que soit rendue aux fidèles et aux prêtres la liberté de se sanctifier grâce aux sacrements qui sanctifièrent leurs pères, dans le but que la liberté puisse de nouveau être accordée à la célébration des sacrements selon la liturgie traditionnelle.
Nous vous attendons nombreux, et nous permettons de solliciter votre générosité pour financer cet événement, les frais engagés étant importants, en particulier ceux de la location de l’amphithéâtre et de la salle qui permettra de proposer une garderie pour les enfants.
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