La communion de l’Épiphanie donne la parole aux mages, et leur offre de chanter dans l’Église en fête la grande joie qui les a accompagnés sur le long chemin de leur quête amoureuse du Christ. « Nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus avec nos présents adorer le Seigneur. » Cette petite antienne de communion est très courte : deux phrases la composent et deux membres constituent chacune des deux phrases. Quatre belles courbes, en tout, semblent évoquer la courbure de la voûte des cieux, témoin illuminé de leur procession joyeuse. Le ciel était de miel et la voix lactée remplissait de lumière la route de Bethléem. L’étoile magistrale les guidait sûrement vers l’humble grotte où se cachait le petit Dieu, le grand Roi. Le 4e mode (finale mi*) et le 1er mode (finale ré*) alternent pour envelopper de douceur et de paix ces quelques neumes tout simples, comme les âmes naïves et enfantines de ces éminents savants.
Charme et fraicheur
Il se dégage de ce chant un tel charme, une telle fraîcheur, qu’on le dirait composé devant la première crèche, en présence de l’Enfant Jésus, de Marie, de Joseph, de l’âne et du bœuf. La relative longueur du premier verbe (1) laisse entrevoir l’assiduité du regard des mages à scruter les signes des temps ; la légèreté de l’incise suivante (2) pénètre de joie profonde leur course allègre vers la sainteté ; l’intensité du second verbe avec son accent puissant (3) traduit l’immense ardeur qui les anime, au moment même où ils se penchent sur le berceau avec leurs présents ; la dernière incise, enfin (4), les redresse et les ennoblit en leur conférant la seule dignité qui leur convient : celle d’être au bout du chemin de vrais adorateurs en esprit et en vérité. C’est ce même chemin que nous parcourrons tous en allant communier.
Pour écouter cette communion, suivre ce lien pour écouter les monials d’Agentan ou cliquer sur l’image pour écouter les moines de Triors :